Le président afghan Hamid Karzaï, reconnaissant jeudi que son gouvernement était corrompu, a fait paraître une directive visant à réformer les pratiques des autorités en la matière.

«Malgré des réussites majeures, nous sommes confrontés à des problèmes de gouvernance, de lutte contre la corruption, de renforcement de l'État de droit et d'autosuffisance économique», a énoncé le chef d'État dans un communiqué.

«Les responsables de haut rang du gouvernement devraient cesser de soutenir les criminels, ceux qui transgressent la loi, les responsables corrompus, peu importe la position gouvernementale ou l'autorité de ces personnes», a-t-il pointé.

Hamid Karzaï a également demandé à la cour suprême de «travailler sur tous les cas de corruption administrative, de vol de terres et de les clore»  dans les «six mois».

Plus de 40 milliards de dollars d'aide civile internationale ont été déversés en Afghanistan depuis l'arrivée fin 2001 de la coalition de l'OTAN, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Malgré quelques succès, notamment en termes de santé et d'éducation, les effets de cette manne sont très loin d'être à la mesure des sommes dépensées.

Largement pillé, notamment par ses cadres, qui profitent de l'impunité judiciaire, l'Afghanistan peine à financer tout type de service public et se repose toujours plus sur la communauté internationale.

En juillet, la conférence de Tokyo des donateurs relative à l'aide civile et au développement en Afghanistan a conditionné l'octroi de 16 milliards de dollars sur quatre ans à des avancées nettes en terme de transparence et de droits de l'Homme, notamment des femmes.

«Toutes les institutions gouvernementales ont pour instruction d'éviter sérieusement de signer des contrats de construction, de logistique ou de services avec des responsables de haut rang et des gens qui les soutiennent», énonce l'une des directives publiées par M. Karzaï.

Toute action contraire sera «vue comme un crime» et ses auteurs seront «poursuivis», selon cette directive.

Le président afghan veut d'autre part obliger les principaux ministères à se coordonner avec les institutions religieuses et civiles «afin de pousser à l'unité nationale, la réconciliation, la fraternité» et d'«empêcher toute propagande nocive» notamment pour «l'ordre social».