L'Irak a connu jeudi une journée particulièrement sanglante avec la mort de 38 personnes dans une vague d'attaques à la bombe et aux voitures piégées, sur fond de tensions politiques croissantes.

Il s'agit de la journée la plus meurtrière depuis le 20 mars lorsque le réseau Al-Qaïda avait mené une série d'attentats faisant 50 morts.

Quarante attentats ont été commis jeudi, dont 14 à la voiture piégée et 19 à la bombe, selon des sources policières et médicales.

Au moins 23 civils ont été tués, de même que 10 policiers, trois miliciens anti-Qaïda et deux militaires, et plus de 170 personnes ont été blessées, selon les sources médicales.

Ces attaques coordonnées font penser au modus operandi d'Al-Qaïda, même si cette organisation ne les a pas revendiquées.

À Bagdad, 11 personnes ont été tuées et 66  autres blessées. L'attaque la plus spectaculaire a visé, rue Haïfa, le convoi du ministre de la Santé, le Kurde Magid Hamad Amine, sorti indemne. Mais deux passants ont péri et neuf personnes ont été blessées, dont quatre gardes du corps du ministre, selon ces sources. Quatre voitures piégées ont explosé dans d'autres quartiers faisant neuf morts et 53 blessés.

À Taji, à 25 km plus au nord, six personnes ont été tuées et 29 autres blessées dans un attentat-suicide, deux voitures piégées et deux bombes. À Tarmiya, à 45 km au nord de Bagdad, un officier de l'armée a été tué dans une attaque-suicide à la voiture piégée. À Baiji, des roquettes antichars ont été tirées contre la raffinerie, blessant une personne.

À Baqouba, 60 km au nord-est de la capitale, un kamikaze a fait détoner sa veste d'explosifs dans la maison d'un lieutenant de police, le tuant et blessant quatre membres de sa famille, selon l'armée. Deux autres policiers ont péri dans une attaque-suicide à la voiture piégée contre leur poste et un troisième par une bombe magnétique attachée à sa voiture.

À l'extérieur de la ville, deux policiers ont été abattus, selon la police.

Dans la région de Kirkouk, à 240 km au nord de Bagdad, six bombes ont explosé devant les maisons des principaux chefs d'une tribu et des membres de la sécurité à Malha, tuant cinq personnes, dont un commandant de l'armée, et en blessant six, selon la police.

Un journalier kurde a été tué par balle à Daqouq, à 40 km au sud de Kirkouk, et à Hawija, à 230 km au nord de Bagdad, trois bombes à proximité du bureau principal de la milice anti-Al-Qaïda ont blessé quatre miliciens.

À Kirkouk, une voiture piégée a visé le convoi d'un général de police, tuant deux policiers et en blessant 15. Une autre voiture piégée a explosé, tuant deux policiers et en blessant trois. En outre, deux policiers ont été blessés par une bombe visant leur patrouille.

À Samarra, à 110 km au nord de Bagdad, trois membres des Sahwa, une milice anti-Qaïda, ont été tués, et trois civils blessés par des voitures piégées, selon leur chef local.

À Ramadi, à 100 km à l'ouest de Bagdad, une personne a été tuée et neuf autres blessées, dont quatre policiers, dans deux attaques à la voiture piégée, selon la police. Et à Mossoul, à 350 km au nord de Bagdad, trois personnes ont été blessées par une bombe.

À Moussayeb, à 60 km au sud de Bagdad, cinq soldats ont été blessés par une bombe.

Ces attentats surviennent dans un climat politique tendu. Plusieurs formations politiques ont accusé le premier ministre Nouri al-Maliki, en poste depuis 2006 et qui cumule par intérim les portefeuilles de la Défense et de l'Intérieur, de vouloir imposer une nouvelle dictature.

«Le commandant des forces armées (Maliki) a la responsabilité d'apporter une totale sécurité aux citoyens. Or, la poursuite des explosions sanglantes démontre la faiblesse des plans de sécurité», a indiqué jeudi dans un communiqué Maysoun al-Damalouji, la porte-parole du bloc laïque Iraqiya, le deuxième groupe parlementaire.