Six soldats britanniques sont «présumés morts» après l'explosion de leur char sur une mine dans le sud de l'Afghanistan, a annoncé Londres mercredi, l'incident a priori le plus meurtrier depuis 2006 pour le Royaume-Uni dans ce pays.    

Si ce bilan était confirmé, il ferait passer à plus de 400 le nombre des Britanniques tués en dix ans de conflit afghan (398 avant cet incident).

Les soldats effectuaient mardi une patrouille dans la province du Helmand (sud), un bastion des rebelles talibans, quand leur véhicule blindé a explosé, a indiqué le ministère britannique de la Défense, sans autres précisions.

«Nous effectuions une patrouille commune dans le district de Nahri Sarraj, près de Lashkar Gah, quand un véhicule blindé britannique a sauté sur une mine, provoquant la mort de six soldats étrangers», a raconté à l'AFP Sayed Malook, commandant d'un corps armé afghan dans le Helmand.

Les talibans, qui n'ont pas revendiqué l'attaque, ont également mentionné une mine artisanale, sans non plus préciser de quand elle datait.

Selon une source militaire en Afghanistan, il n'est pas exclu que le véhicule ait été victime d'une ancienne mine datant de l'époque de l'occupation soviétique (1979-1989).

Le sud de l'Afghanistan -et particulièrement la province du Helmand- concentre 35% des mines antipersonnel et antichars posées dans le pays, d'abord par les troupes soviétiques dans les années 1980, puis par des combattants afghans impliqués dans la guerre civile de la décennie suivante.

«Le char des troupes étrangères a brûlé toute la nuit dernière. Il ne s'est pas retourné, mais il a été réduit en cendres», a raconté à l'AFP Abdul Ali, un habitant de la province.

Cela expliquerait que les six soldats aient été déclarés «présumés morts» et non «morts», selon une source occidentale, qui a ajouté que les dépouilles des militaires n'avaient pas encore été désincarcérées. D'autres sources ont indiqué que la carcasse du véhicule n'avait toujours pas rejoint sa base.

«C'est un jour désespérément triste pour notre pays», a déclaré le premier ministre David Cameron.

Rendant hommage aux victimes devant le Parlement, il a souligné que la mission des forces britanniques en Afghanistan restait «vitale» pour la sécurité du Royaume-Uni et confirmé le calendrier de leur retrait.

«Nous sommes là-bas pour empêcher que ce pays ne devienne un refuge pour Al-Qaïda et que cette organisation ne «planifie (à partir de l'Afghanistan) des attaques contre la Grande-Bretagne et ses alliés», a-t-il fait valoir.

«Nous devons envoyer un message très clair aux talibans: que ce soient nos troupes qui soient là-bas ou les troupes afghanes, ils ne seront pas victorieux sur le champ de bataille, et le temps est venu d'un règlement politique», a-t-il lancé.

Avec 9500 soldats, déployés essentiellement dans le Helmand, le Royaume-Uni est au deuxième rang parmi les pays contribuant à la force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF, environ 130 000 hommes), les États-Unis (environ 100 000 hommes) étant les premiers en termes d'effectifs.

Même si le nombre des militaires britanniques tués a décru en 2011, la Grande-Bretagne est, après les États-Unis, le pays qui a payé le plus lourd tribut au sein de la force internationale.

Cinq cents militaires britanniques doivent quitter l'Afghanistan en 2012 et la totalité des troupes de combat du Royaume-Uni sera retirée d'ici à la fin 2014, date à laquelle l'ISAF prévoit de transférer la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes.

Les talibans, chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les États-Unis, combattent depuis le gouvernement afghan et ses alliés de l'OTAN. Les attentats-suicides et les bombes artisanales sont leurs armes de prédilection et le Sud et l'Est de l'Afghanistan abritent leurs principaux bastions. Faute d'avoir vaincu militairement les insurgés, les Occidentaux tentent aujourd'hui d'entamer avec eux des négociations pour mettre fin au conflit.