Le chef des services israéliens de renseignement militaire a affirmé jeudi que l'Iran pouvait d'ores et déjà produire quatre bombes atomiques.

«Aujourd'hui, les services de renseignement internationaux sont d'accord avec Israël pour dire que l'Iran a accumulé près de 100 kilos d'uranium enrichi à 20%, soit suffisamment pour produire quatre bombes», a expliqué le général Aviv Kochavi.

«L'Iran poursuit très activement ses efforts pour développer ses capacités nucléaires, et nous avons la preuve qu'ils (les Iraniens NDLR) cherchent à disposer d'armes nucléaires», a-t-il ajouté lors d'une conférence internationale annuelle sur la sécurité à Herzliya, près de Tel-Aviv.

Selon le général, «il faudra un an pour que ce soit chose faite, lorsque l'ordre en ce sens sera donné» par les autorités iraniennes.

Israël accuse l'Iran, qu'il considère comme son principal ennemi stratégique, de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce que Téhéran dément.

Israël est présumé détenir un important arsenal nucléaire --entre 100 et 300 ogives, selon les experts internationaux-- mais maintient le flou et n'a jamais confirmé ou démenti cette information.

Lors de la même conférence, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a affirmé qu'il y avait «un large consensus international sur le fait que si les sanctions n'atteignent pas leur objectif de stopper le programme nucléaire militaire iranien, il faudrait envisager une action» contre l'Iran.

Mais M. Barak n'a pas spécifié la nature de cette «action».

«Avoir à traiter avec un Iran nucléaire serait plus compliqué, plus dangereux et coûterait davantage de vies et d'argent que si on l'arrêtait aujourd'hui», a-t-il estimé.

M. Barak s'était auparavant félicité des nouvelles sanctions européennes contre l'Iran, en recevant le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle, se refusant à évoquer une possible opération militaire.

«Aujourd'hui, nous sommes toujours dans une période de diplomatie et de sanctions», avait-il souligné.

Les dirigeants israéliens soufflent le chaud et le froid sur l'éventualité de frappes contre les installations nucléaires iraniennes.

Le général Kochavi a par ailleurs indiqué qu'Israël est menacé par «quelque 200 000 roquettes et missiles, pour la plupart d'une portée de 40 kilomètres, et plusieurs milliers d'une portée de centaines de km».

Selon lui, ces engins constituent une donnée stratégique que l'armée israélienne doit prendre en compte «car, à partir du Liban, de la Syrie et évidemment de l'Iran, ils peuvent frapper au coeur de nos villes, et toute la région de Tel-Aviv est dans leur rayon d'action».

Il a précisé que selon ses services, «une maison sur dix au Liban sud abrite soit un entrepôt de missiles ou roquettes, soit une position de lancement de ces engins de plus en plus précis et destructeurs, car leurs ogives contiennent non plus des dizaines, mais des centaines de kilos d'explosifs». Le Liban sud est contrôlé par le Hezbollah chiite libanais.

«Le Proche-Orient est devenu le plus grand arsenal du monde, et la mouvance jihadiste internationale profite de l'effervescence (du monde arabe) pour s'infiltrer notamment en Syrie, dans le Sinaï (égyptien) et ailleurs», a-t-il estimé.