La promesse dimanche du bloc dissident Iraqiya  de mettre fin à son boycott du Parlement pourrait dénouer la crise politique qui paralyse l'Irak depuis la mi-décembre et fait planer la crainte d'un nouveau conflit confessionnel entre chiites et sunnites.

Iraqiya, deuxième groupe parlementaire d'Irak avec 82 députés, boycottait depuis plus de six semaines le Parlement et le gouvernement en signe de protestation contre les méthodes du Premier ministre Nouri al-Maliki qu'il juge autoritaires.

«Iraqiya a décidé que ses députés allaient retourner aux séances du Parlement», a annoncé dimanche la porte-parole d'Iraqiya, Maysoun Damaloudji au cours d'une conférence de presse, à l'issue d'une réunion à Bagdad des principaux responsables de cette formation.

Y participaient notamment l'ancien Premier ministre Iyad Allawi, le président du Parlement Oussama al-Noujaifi, le ministre des Finances Rifaa al-Issawi et le vice-Premier ministre Saleh Moutlak.

«Iraqiya a décidé de retourner au Parlement pour contribuer au succès de la conférence nationale proposée par le président (irakien Jalal) Talabani», a expliqué la porte-parole. Plusieurs hauts responsables politiques irakiens avaient plaidé ces dernières semaines pour un geste d'Iraqiya en ce sens, a-t-elle rappelé.

«Les députés vont participer au vote du budget, d'une loi d'amnestie» pour des personnes en détention provisoire, «pour tenter de régler la question de Hachémi et d'empêcher le limogeage de Moutlak», a indiqué Mme Damaloudji.

La conférence proposée par le président est censée rassembler tous les courants politiques pour venir à bout de la crise, mais aucune date pour sa tenue n'a été fixée et les protagonistes peinent également à s'entendre sur le lieu et l'ordre du jour de la réunion.

Le 17 décembre 2011, Iraqiya avait suspendu sa participation au Parlement, pour protester contre «l'exercice solitaire du pouvoir» de M. Maliki. Les dirigeants sunnites s'estiment persécutés par les forces de l'ordre et par les services de sécurité du chef du gouvernement.

Le lendemain, jour où les tous derniers soldats américains quittaient le pays, le Premier ministre avait demandé au Parlement de retirer sa confiance au vice-Premier ministre Saleh Moutlak, qui l'avait traité de «dictateur pire que Saddam Hussein».

Le 19 décembre, l'émission d'un mandat d'arrêt pour complot à l'encontre du vice-président sunnite Tarek al-Hachémi venait encore jeter de l'huile sur le feu et Iraqiya, dont il est membre, annonçait qu'il allait aussi boycotter le gouvernement. M. Hachémi est depuis réfugié au Kurdistan irakien.

Le conflit a pris une telle ampleur qu'il menace selon certains de dégénérer en guerre civile confessionnelle, et inquiète les voisins de l'Irak, en premier lieu la Turquie, pays essentiellement sunnite, alors que l'Irak est majoritairement chiite.

Une série d'attentats meurtriers visant pour la plupart la communauté chiite a encore fait monter la tension depuis l'éclatement de la crise.

Les Etats-Unis se sont impliqués en coulisses pour tenter de négocier une issue et le vice-président américain Joe Biden avait appelé vendredi au téléphone Iyad Allawi Oussama al-Noujaifi à ce sujet, a indiqué la Maison Blanche.

Mais signe que le malaise persiste, le bloc Iraqiya n'a pour le moment pas pris la décision de cesser son boycott au gouvernement, actuellement observé par six de ses neuf ministres. «Cela se fera dans une prochaine étape», a expliqué le député Aytab al-Douri à des journalistes dimanche.