Des discussions préalables à des négociations de paix en Afghanistan ont été entamées au Qatar entre des représentants des insurgés et des responsables américains, a-t-on appris dimanche auprès d'un ancien dignitaire taliban.

L'information, rapportée dimanche par le New York Times, a été confirmée à l'AFP par le mawlavi (un titre religieux, NDLR) Qalamuddin, l'ancien responsable du département «vices et vertus» de la police sous le gouvernement taliban, qui dura de 1996 jusqu'à l'arrivée de la coalition internationale fin 2001.

La délégation des rebelles comprend des personnalités talibanes, notamment l'ancien ambassadeur en Arabie Saoudite, Shahabuddin Delawar, l'ex-ministre de la Santé, Sher Mohammad Abaas Stanikzai, un intime du Mollah Omar, Mohammad Tayeb Agha et Aziz-Ul Rahman, ancien diplomate à Dubaï, selon le religieux.

«Les discussions n'ont pas encore débuté. (Les deux parties) sont dans le processus de construction d'un lien de confiance. Cela va prendre du temps», a estimé le Mawlavi Qalamuddin, nommé par le président afghan Hamid Karzaï.

«En ce moment, la délégation tient des discussions préliminaires. Les négociations de paix, Inch'Allah, commenceront, mais là, nous n'en sommes qu'au tout début», a poursuivi le religieux.

Les talibans posent comme mesure préalable à toute négociation la libération de ses membres enfermés dans la prison de Guantanamo, à Cuba, alors que Washington veut que les rebelles renoncent à la violence avant de discuter avec eux.

Le mawlavi Qalamuddin a indiqué que la délégation talibane était «évidemment» partie au Qatar depuis le Pakistan, ce qui sous-entend que ce pays, souvent accusé par l'Afghanistan de bloquer les négociations de paix, semble s'y intéresser.

Dimanche, Kaboul a annoncé la venue dans la capitale afghane de la ministre des Affaires étrangères pakistanaise, Hina Rabbani Khar, qui rencontrera mercredi son homologue afghan, Zulmai Rasoul, pour traiter de la question talibane.

«Cette visite marquera une nouvelle phase dans les relations de coopération entre les deux pays», a expliqué Janan Mosazai, le porte-parole du ministère afghan des Affaires étrangères.

«Les deux parties discuteront de la lutte contre le terrorisme et du soutien essentiel du Pakistan dans le processus de paix en Afghanistan», dans lequel le Pakistan «joue un rôle clé», a observé M. Mosazai, ajoutant : «L'Afghanistan a besoin d'un effort sincère de son voisin en direction des négociations de paix.

Le Pakistan a accepté de reprendre les discussions avec l'Afghanistan au sujet des talibans, interrompues après l'assassinat en septembre d'un émissaire du président Hamid Karzaï par un kamikaze taliban, de source officielle.

Les talibans, chassés fin 2001 d'un pouvoir qu'ils occupaient depuis 1996 par une coalition menée par les États-Unis, poursuivent depuis dix ans une guérilla contre les armées occidentales et afghane. Début janvier, ils ont annoncé leur intention d'ouvrir un bureau au Qatar pour discuter avec les États-Unis.

Le gouvernement afghan a donné son accord pour l'installation de cette représentation hors d'Afghanistan, tout en craignant d'assister en spectateur aux négociations. Washington a récemment rassuré les autorités afghanes quant à leur présence dans ces discussions.

«Nous attendons qu'une délégation du Qatar vienne à Kaboul pour discuter avec nous du rôle des Afghans dans les discussions du paix et sur comment elles se tiendront et évolueront au Qatar», a indiqué Aminundin Muzaffari, le secrétaire du Haut conseil pour la paix, à l'AFP.