L'Irak a tourné vendredi la page de près de neuf ans de présence controversée américaine en récupérant la dernière des 505 bases militaires dont les États-Unis disposaient sur son sol.

«Nous annonçons aujourd'hui avec fierté au peuple irakien le transfert de la dernière base militaire américaine. Nous tournons aujourd'hui la dernière page de l'occupation», a affirmé à la presse le représentant du premier ministre, Hussein al-Assadi.

«Les Américains quitteront la base dans les 72 heures et il n'y aura plus de présence après le 25 décembre», a-t-il ajouté.

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Il venait de signer avec le colonel américain Richard Kaiser les documents de transfert dans une salle de cette base appelée Imam Ali par les Irakiens et Camp Adder par les Américains.

Cet immense camp est situé au sud-ouest de Nassiriya, à 305 km au sud de Bagdad, à la lisière de la ville antique d'Ur, où est né selon la Bible le patriarche Abraham.

«Il y a quelques semaines, il y avait encore 12 000 soldats et il n'en reste aujourd'hui qu'une petite partie. J'ai été le commandant (de cette base) durant sept mois et je suis fier d'avoir été celui qui a signé le transfert de la dernière grande (base) en Irak», a déclaré à l'AFP le colonel Kaiser.

«Nous nous étions engagés à quitter l'Irak le 31 décembre et les États-Unis respectent leurs promesses», a-t-il ajouté.

Un officier a levé ensuite le drapeau irakien. «C'est un jour de liberté et nous promettons à notre peuple d'être fidèles à notre armée, à notre Irak et d'agir pour son unité», a déclaré aux soldats le nouveau patron de la base, le lieutenant-colonel de l'armée de l'air Hakim Aboud.

Ce transfert marque symboliquement la fin de la présence militaire américaine, même si ses soldats ont en principe jusqu'à la fin de l'année pour partir. Il ne reste plus aujourd'hui que 4000 militaires contre près de 170 000 hommes en 2007, année où, et selon un officier américain, il y avait eu jusqu'à 15 000 soldats sur cette base.

«Ces derniers mois, il y a eu quatre attaques à la roquette sans faire de victimes», avait indiqué avant la cérémonie cet officier américain. Les États-Unis avaient accusé des groupes liés à l'Iran de commettre ces attaques ce qu'avait démenti Téhéran.

Photo: Ahmad Al-Rubaye, AFP

Le représentant du premier ministre irakien, Hussein al-Assadi (à gauche), et le colonel américain, Richard Kaiser, échangent les documents officialisant le transfert de Camp Adder aux Irakiens, lors d'une cérémonie marquant le départ des troupes américaines, après 9 ans passés en terre irakienne.

À l'origine, Imam Ali était une très importante base aérienne utilisée notamment durant la guerre avec l'Iran entre 1980-1988. Elle avait été lourdement endommagée lors de l'Opération «Tempête du désert», quand les forces alliées sous la conduite des États-Unis avaient bouté hors du Koweït en 1991 les forces de Saddam Hussein.

Pour sa part, l'OTAN organisera samedi une cérémonie de départ à Bagdad. Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, avait annoncé lundi l'arrêt de la mission de formation engagée en Irak, après le refus de l'Irak d'accorder l'immunité aux membres de l'Alliance atlantique.

Fin 2010, la mission de l'OTAN avait un effectif de l'ordre de 180 personnes, la contribution la plus importante étant celle de l'Italie.

Elle a formé plus de 5000 soldats et 10 000 policiers, et fourni des équipements militaires d'une valeur supérieure à 156 millions de dollars, selon l'OTAN.

Désormais, les 900 000 hommes et femmes des forces irakiennes auront la lourde tâche d'assurer seuls la sécurité du pays alors que les insurgés, notamment les éléments d'Al-Qaïda, bien qu'affaiblis, peuvent encore faire couler le sang. Ils devront aussi empêcher la résurgence des milices sans pouvoir faire appel à l'aviation et au soutien des Américains.

C'est ce pari qu'ont pris les autorités irakiennes en refusant d'accorder l'immunité demandée par les États-Unis pour laisser encore quelques milliers de militaires sur place. En fait, il y aura désormais 157 soldats américains pour poursuivre l'entraînement des troupes.

«L'Irak va être confronté à des défis lancés par les terroristes et par ceux qui vont essayer de diviser le pays, mais les États-Unis resteront aux côtés des Irakiens», a assuré jeudi le secrétaire d'État à la Défense Leon Panetta.