Le refus de l'Irak d'accorder l'immunité aux membres de l'OTAN risque de mettre fin, à la fin de l'année, à la mission de formation engagée par l'Alliance atlantique, au moment où les derniers soldats américains s'apprêtent à quitter le pays.

«Nous sommes désolés de ce que l'OTAN ait recommandé de retirer sa mission d'Irak», a déclaré à l'AFP le conseiller irakien à la Sécurité nationale, Falah al-Fayad dans l'avion, alors qu'il accompagnait le premier ministre Nouri al-Maliki à Washington pour un voyage officiel.

«L'OTAN nous a surpris avec cette décision», a-t-il dit, précisant que Bagdad en avait été informé il y a trois jours. «J'espérais que cette mission allait rester», a-t-il ajouté.

Mais à Bruxelles, un responsable de l'Alliance atlantique s'exprimant sous le couvert de l'anonymat a démenti qu'une telle décision ait été prise, tout en indiquant que celle-ci pourrait intervenir dans les prochains jours.

«Il n'y a pas encore eu de décision, mais puisque le gouvernement irakien nous demande de prolonger la mission, il faut également que le cadre légal soit prolongé», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Nous gardons l'espoir qu'une solution sera trouvée et que nous pourrons répondre positivement à la demande de l'Irak de prolonger notre mission sur la base du cadre légal que nous avons depuis 2009», a-t-il ajouté.

Le Conseil de l'Atlantique Nord (NAC), l'instance dirigeante qui réunit les ambassadeurs des pays membres de l'OTAN, ne s'est pas encore prononcé sur la question et n'a pas encore eu de confirmation officielle que Bagdad refusait l'extension de l'immunité pour les membres de la mission, selon lui.

«L'OTAN est en négociations avec le gouvernement irakien. Celui-ci nous a demandé plus tôt dans l'année de prolonger jusqu'à la fin de 2013 notre mission, qui s'achève en principe fin 2011», a expliqué le responsable de l'alliance.

«Cet automne, le NAC a décidé que nous le ferions, mais que pour cela il fallait que le cadre légal dans lequel nos personnels opèrent soit également prolongé», a-t-il ajouté.

Un accord entre l'OTAN et le gouvernement irakien prévoit que les militaires et formateurs de l'OTAN ne sont responsables que devant la justice militaire de l'OTAN ou de ses États membres et pas devant la justice militaire irakienne, a expliqué ce responsable.

Selon lui, les négociations ne sont pas rompues, mais si le refus par les autorités irakiennes de prolonger l'immunité se confirmait officiellement, «alors cela devrait être examiné par le Conseil de l'Atlantique Nord».

Les ambassadeurs examineront cette question au «début de cette semaine», a-t-il précisé.

L'Alliance, qui n'avait pas participé à l'invasion de l'Irak en 2003 du fait de l'opposition de pays comme la France et l'Allemagne, avait lancé l'année suivante une mission de formation des forces de sécurité irakiennes, à la demande des autorités de Bagdad.

Fin 2010, la mission de l'OTAN avait un effectif de l'ordre de 180 personnes, la contribution la plus importante étant celle de l'Italie.

Le refus des autorités irakiennes d'accorder l'immunité juridique avait déjà dissuadé les États-Unis de maintenir en Irak un contingent réduit de formateurs militaires après la fin 2011 comme ils l'espéraient.

Le retrait des soldats américains est désormais pratiquement achevé. Moins de 6000 militaires et civils rattachés au ministère de la Défense demeurent en Irak, contre 170 000 soldats et 505 bases en 2007 et 2008.

L'armée américaine a transféré dimanche aux autorités irakiennes la base de Kalsu, près de Hilla (95 km au sud de Bagdad) et ne dispose plus que de trois bases dans tout le pays.