La municipalité israélienne de Jérusalem a annoncé jeudi avoir ordonné la fermeture dans les sept jours de la rampe d'accès à l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, pour des raisons de sécurité, au risque de déclencher des protestations dans le monde arabe et musulman.

Le sort de cette structure en bois est source de vives polémiques politico-religieuses entre Israël et, notamment, la Jordanie, gardienne de l'esplanade des Mosquées.

«L'ingénieur de Jérusalem Shlomo Eshkol a émis un ordre de fermeture immédiate de la rampe provisoire donnant accès à la porte des Maghrébins», car cette construction «constitue un danger pour la sécurité du public et en raison de son caractère inflammable», a indiqué un porte-parole de la mairie.

Selon un communiqué du porte-parole, la Fondation de l'héritage pour le Mur Occidental, un organisme israélien chargé du mur des Lamentations situé en contrebas de l'esplanade, dispose d'un délai de sept jours pour faire appel de la décision.

«La rampe pourrait s'effondrer sur l'esplanade du mur des Lamentations et blesser des femmes qui prient à proximité (dans la partie réservée aux femmes) et pourrait éventuellement provoquer de sérieux dégâts au mur des Lamentations et au Mont du Temple (l'esplanade des Mosquées, NDLR)», dit-il.

Le communiqué précise que la rampe restera uniquement ouverte pour «des effectifs de sécurité limités qui pourraient être autorisés à utiliser ce pont instable dans les cas urgents».

Les autres accès de l'esplanade pour les musulmans restent en revanche ouverts.

Cheikh Azzam al-Khatib, le directeur du Waqf, organisme chargé de l'administration des biens musulmans, a affirmé à l'AFP que «la porte des Maghrébins, un des principaux points d'accès à la mosquée Al-Aqsa, se trouve sous la responsabilité du Waqf. Nous pouvons la restaurer en l'espace de quelques jours, si Israël l'autorise».

«L'entrée à Al-Aqsa pour les touristes est contrôlée par Israël et nous exigeons du gouvernement israélien qu'il restitue les clefs de la porte au Waqf», a-t-il demandé.

L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas et le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, ont mis en garde contre les retombées de la décision de la municipalité de Jérusalem.

«Nous tenons le gouvernement israélien pour responsable des conséquences de ces crimes commis contre les droits du peuple palestinien», a averti le négociateur palestinien Saëb Erakat.

Dans un communiqué, le Hamas a estimé que «l'occupant sioniste porte l'entière responsabilité des conséquences de cet acte criminel qui constitue (...) une provocation envers les sentiments de millions de musulmans».

À Amman l'opposition islamiste jordanienne a dénoncé «la politique de judaïsation de la Terre sainte» et appelé à la «résistance» face à Israël.

En novembre, les autorités israéliennes avaient reporté la démolition de cette rampe d'accès de crainte de déclencher des vagues de protestations dans le monde arabo-musulman.

Cette rampe en bois conduit de l'esplanade du mur des Lamentations, principal site de pèlerinage du judaïsme, à l'esplanade des Mosquées, qui abrite le troisième lieu saint de l'islam.

La rampe a été érigée en 2004 à titre provisoire après l'effondrement d'un précédent passage et permet aux visiteurs non musulmans ainsi qu'aux forces israéliennes d'accéder à l'esplanade.

La mairie avait ordonné le 23 octobre de la démolir sous 30 jours et d'en construire une nouvelle, après des constatations d'ingénierie, selon lesquelles la rampe, connue comme le «pont des Maghrébins», représentait un «danger» public.

En 2007, un précédent projet de rénovation de la rampe avait été arrêté face aux protestations dans le monde musulman, inquiet de possibles atteintes aux monuments islamiques de la Vieille ville.

Située à Jérusalem-Est occupée et annexée en 1967 par Israël, l'esplanade des Mosquées comprend le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa.

Elle surplombe le mur des Lamentations, principal vestige du second Temple juif de Jérusalem rasé par les Romains en 70 apr. J.-C., et site le plus sacré du judaïsme.