Pour le tribunal: May Chidiac

Le 25 septembre 2005, une bombe explose sous la voiture de la journaliste-vedette libanaise May Chidiac. Elle perd un bras et une jambe. Après 34 chirurgies, elle retourne en ondes 10 mois après l'attentat.

Mais elle n'a plus la force de recevoir des personnalités qui représentent le camp pro-syrien, qu'elle dénonce depuis des années. «Je ne pouvais plus recevoir des gens qui critiquent le Tribunal spécial pour le Liban (TSL)», dit-elle.

Le TSL est chargé d'enquêter sur l'assassinat de Rafic Hariri. Il se penche aussi sur une série d'attentats qui a visé notamment des journalistes et politiciens libanais en 2005, dont May Chidiac.

Aujourd'hui, elle fait des conférences un peu partout sur la planète pour dénoncer ceux qu'elle accuse d'être responsables de ses blessures. Elle se consacre aussi à sa fondation et à son Institut des médias, où elle forme de jeunes journalistes.

Selon elle, le Hezbollah était le seul groupe capable de se procurer plus de deux tonnes d'explosifs pour faire sauter le convoi de Rafic Hariri. «Les coupables sont toujours à la tête du gouvernement. Ils font tout pour saboter le travail du Tribunal. Et maintenant, plus rien ne va me faire taire. Ils m'ont pris une moitié, ils peuvent prendre la deuxième. Je n'ai pas peur.»

Contre le tribunal : Jamil al-Sayed

«Les magistrats du Tribunal spécial pour le Liban sont des retraités négligés qui sont venus sur la scène internationale pour être corrompus par le prestige», clame Jamil al-Sayed, ancien directeur de la Sûreté générale du Liban jusqu'en 2005, sous l'occupation militaire syrienne.

L'ex-officier est en croisade contre le tribunal. Il accuse l'institution de s'être fiée à des déclarations calomnieuses pour l'écrouer. Depuis, il multiplie les démarches pour avoir accès aux témoignages des «faux témoins». Il reproche à Daniel Bellemare de les protéger. «Ils doivent payer devant une justice nationale compétente. Ce conflit est en train de détruire le tribunal.»

Le porte-parole du TSL, Marten Youssef, réplique que le tribunal ne peut poursuivre ces personnes puisque leur témoignage a été fait avant la création du TSL. Il rappelle que son mandat principal est de poursuivre les responsables de l'attentat du 14 février 2005.

En juin, le juge de la mise en état du tribunal a ordonné qu'on lui remette les preuves qui ont mené à son arrestation, selon M. Youssef. Ces documents devraient être rendus prochainement. M. al-Sayed, pour sa part, soutient que le tribunal subit des pressions des Occidentaux pro-israéliens pour accuser le Hezbollah.