Une série d'attaques à Bagdad visant en premier lieu la police a fait mercredi au moins 23 morts et plusieurs dizaines de blessés, suscitant la crainte d'un regain d'instabilité dans le pays avant le départ programmé des forces américaines à la fin de l'année.

Les deux attaques les plus meurtrières ont été menées le matin à quelques minutes d'intervalle par des kamikazes qui ont fait exploser des véhicules piégés devant des postes de police dans les quartiers de Alawiya (centre) et Hourriya (nord).

Au moins 18 personnes ont été tuées et 47 blessées, dont au moins 14 morts à Alawiya, selon une source au ministère de l'Intérieur.

Il s'agit des attaques les plus meurtrières à Bagdad depuis celle contre une mosquée le 28 août qui a fait 28 morts.

«J'ai vu le kamikaze tenter de passer les barrières, mais il a fait exploser son véhicule, les murs de protection en béton se sont effondrés et je suis tombé à terre», a déclaré Ali, un policier de Alawiya, qui a préféré taire son nom de famille.

«Entre moi et la mort, il n'y a eu qu'un mur de béton», a-t-il ajouté, soulignant que ses collègues stationnés à l'entrée avaient été déchiquetés par la déflagration.

L'explosion a fortement endommagé le bâtiment de police ainsi qu'une école à proximité et laissé un cratère de quatre mètres de diamètre et deux de profondeur dans la chaussée. Des débris humains et d'objets ont été projetés à quelque 100 mètres à la ronde autour du lieu de l'explosion.

«Le véhicule piégé contenait plus de 200 kg de matériaux explosifs», a indiqué une source au département de déminage du ministère de l'Intérieur.

La rue numéro 42, où s'est produit l'attentat, avait été fermée à la circulation depuis 2004 en raison des craintes d'attentats et n'avait rouvert qu'en septembre, a expliqué Mohammed al-Roubaie, un membre du conseil provincial de Bagdad présent sur place.

L'attaque a été commise à l'aide d'un camion piégé, qui a tenté en vain de pénétrer dans l'enceinte et a fini par exploser devant l'entrée principale du bâtiment de la police, a-t-il dit.

«Ces attaques sont un défi lancé à l'Irak et au processus politique car les terroristes veulent montrer qu'ils sont toujours là au moment où les troupes américaines quittent l'Irak», a-t-il souligné, se disant «sûr qu'il existe un soutien étranger» à ces violences.

Les nouvelles violences surviennent au moment où l'incertitude plane sur l'avenir des troupes américaines en Irak.

En vertu d'un accord signé avec les autorités irakiennes en 2008, les États-Unis doivent avoir retiré toutes leurs troupes encore présentes (environ 41 500 soldats) d'ici la fin de l'année. Mais Washington s'efforce d'obtenir le maintien après cette date d'un contingent limité de formateurs militaires.

Les négociations semblent toutefois achopper sur la question de l'immunité que Washington réclame pour ses soldats et que Bagdad se refuse à accorder.

D'autres violences, dont plusieurs visant les forces de l'ordre, se sont produites dans d'autres quartiers de Bagdad, faisant au total quatre morts et 26 blessés, selon des sources officielles. La plus importante, commise à l'aide d'une voiture piégée a fait trois morts et 11 blessés, dont des policiers.

Le président du Parlement, Oussama al-Noujaifi, a condamné les attentats.