La multiplication des violences commises contre des cibles arabes en Israël et en Cisjordanie inquiète les autorités israéliennes, qui font face à un phénomène nouveau par son ampleur.

Quatre mosquées en Cisjordanie et une en Galilée (nord d'Israël) ont été la cible d'actes de vandalisme ces derniers mois, des attaques imputées à des colons extrémistes.

Le président israélien Shimon Peres a qualifié ces actes «de crimes».

«Nous devons nous assurer que chaque citoyen de ce pays se sente en sécurité. Je veux dire aux Israéliens, musulmans, juifs et chrétiens, que c'est la responsabilité du gouvernement d'assurer le respect des lieux saints», a-t-il plaidé dans un récent communiqué.

Les jets de pierres contre des voitures palestiniennes sont monnaie courante en Cisjordanie, le fait de jeunes colons, notamment après des évacuations de constructions non autorisées par le gouvernement israélien.

Des arbres fruitiers et des oliviers appartenant à des Palestiniens près de Bethléem ont été brûlés mardi par des colons, au lendemain de l'ouverture de la cueillette des olives, propice aux affrontements entre colons et Palestiniens.

Des colons extrémistes pratiquent une politique dite du «prix à payer», qui consiste à se venger sur des Palestiniens de chaque attaque dont ils sont la cible, mais aussi sur l'armée israélienne ou des militants israéliens anticolonisation, lorsque les autorités israéliennes prennent des mesures qu'ils jugent hostiles à la colonisation.

La police a annoncé avoir arrêté deux jeunes colons, suspects dans l'incendie de la mosquée de Touba Zangaria (nord) lundi, mais alors que les profanations de mosquées sont systématiquement dénoncées par les autorités israéliennes, aucune condamnation n'a jamais été prononcée.

Pour certains militants d'extrême droite, ces actes ne méritent pas de telles dénonciations.

«Je ne soutiens pas la politique du prix à payer, mais je ne la condamne pas», affirme à l'AFP le député Michael Ben Ari (extrême droite) qui estime que «les véritables responsables sont les autorités israéliennes qui évoquent la possibilité que la terre d'Israël soit donnée aux ennemis du peuple juif».

Sur le site d'informations d'extrême droite Aroutz 7, un avocat de Tel-Aviv, Boaz Shapira, publie une tribune intitulée: «Il y a un prix à payer à l'abandon des juifs».

«Dans les régions où vivent ceux qui commettent ces actes de vandalisme», affirme-t-il, «les Arabes ont peur d'affronter les "fous". Si c'est le prix à payer pour sauver des vies, je pense que ça en vaut la peine».

Plusieurs rabbins des colonies ont publié récemment un communiqué «condamnant les actions des adeptes de la politique du +prix à payer+ visant l'armée israélienne, des mosquées ou des Arabes innocents», signé notamment par le rabbin Yaakov Medan, un des directeurs de la yechiva (institut d'études talmudiques) de Har Etzion, à Alon Shvout, dans le sud de la Cisjordanie.

«Nous devons lutter contre cette secte qui ne respecte plus ni la loi civile ni la loi juive», explique-t-il à l'AFP.

Selon les médias, les responsables de ces actes sont des «jeunes des collines,» un terme générique pour désigner des jeunes juifs vivant sur des collines de Cisjordanie, souvent dans des colonies illégales même au regard de la loi israélienne.

«Ce groupe minoritaire met en danger la démocratie israélienne», prévient Yariv Oppenheimer, directeur du mouvement anticolonisation La Paix Maintenant, malgré le fait que le nombre d'auteurs de ces actes ne dépasse pas quelques dizaines de marginaux.

«Les actes de violence de ces jeunes influencent le gouvernement qui craint de prendre des décisions en raison des conséquences qui peuvent en découler sur le terrain», dit-il à l'AFP.

Il accuse également la direction des colons d'avoir «créé un état d'esprit favorisant l'existence de groupes à la limite du terrorisme».