Des dizaines de milliers de Palestiniens ont manifesté mercredi dans une ambiance festive dans les villes autonomes de Cisjordanie pour soutenir la demande d'adhésion d'un État de Palestine à l'ONU.

Ces rassemblements, à l'appel de la direction palestinienne, sont les plus importants en Cisjordanie occupée depuis la fin de la deuxième Intifada, le soulèvement palestinien, en 2005.

«Les masses palestiniennes sont sorties en nombre dans les Territoires palestiniens pour soutenir la démarche palestinienne et la position politique déterminée, malgré toutes les pressions pour nous dissuader de demander l'adhésion d'un État de Palestine», a déclaré à l'AFP à New York Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas.

Les cortèges et rassemblements, encadrés par des milliers de policiers, se sont déroulés à Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne, et dans le reste de la Cisjordanie, à Naplouse, Hébron, Bethléem ou encore Jéricho.

Il y avait 15 000 manifestants, dont beaucoup d'écoliers et étudiants, à Ramallah, à Naplouse et à Hébron, et 10 000 à Bethléem, selon des correspondants de l'AFP.

«Des dizaines de milliers de Palestiniens prennent part aux rassemblements», a déclaré à l'AFP le porte-parole des services de sécurité, Adnane Damiri, en faisant état de la mobilisation de 8000 policiers pour «maintenir le calme et assurer la protection des participants».

En revanche, seules quelques dizaines de femmes se sont rassemblées dans la bande de Gaza, où le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans cette enclave, et le Fatah de M. Abbas avaient décidé de renoncer aux manifestations pour ne pas envenimer leurs divisions.

À Ramallah, la foule s'est massée sur la place historique de Manara, dans le centre-ville, sous une immense banderole «Campagne nationale pour la Palestine: Le 194e État». L'ONU compte 193 pays membres.

«Le peuple veut la libération de la Palestine», ont scandé les participants.

Sur une estrade trônait une monumentale chaise bleu ciel, aux couleurs de l'ONU, symbolisant le siège que les Palestiniens espèrent obtenir.

«Nous exigeons que le monde reconnaisse notre État, car c'est une promesse qu'il nous a faite il y a plus de 60 ans», a proclamé le gouverneur de Ramallah, Leila Ghanan, en référence à la résolution du 29 novembre 1947 de l'ONU sur le partage de la Palestine entre un État juif et un État arabe.

À Naplouse, les manifestants brandissaient une mer de drapeaux nationaux et de la «Campagne Palestine 194», des fanions jaunes du Fatah et des portraits du défunt chef historique palestinien Yasser Arafat.

Des cheikhs musulmans, des prêtres chrétiens ainsi qu'une vingtaine de juifs ultra-orthodoxes du mouvement Naturei Karta, un groupuscule farouchement antisioniste, se trouvaient dans la foule.

M. Abbas, qui dirige l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a l'intention de remettre vendredi une demande d'adhésion d'un État de Palestine au patron de l'ONU Ban Ki-moon. Israël et les États-Unis y sont hostiles, et Washington a promis d'y opposer son veto au Conseil de sécurité.

Selon un sondage, 83% des Palestiniens soutiennent cette démarche contre seulement 34% d'Israéliens.

Les dirigeants palestiniens avaient assuré que les manifestations seraient «non violentes» et se dérouleraient à l'intérieur des villes pour éviter des heurts avec l'armée israélienne déployée en force à l'extérieur.

Des affrontements sporadiques ont néanmoins eu lieu au barrage de Kalandia, entre Jérusalem et Ramallah, et à Hébron. L'armée a tiré des grenades lacrymogènes pour disperser des jeunes qui jetaient des pierres. Un adolescent de 13 ans a perdu un oeil après avoir été touché par une cartouche de gaz, selon des sources médicales palestiniennes.