Arguant de la «crise économique», le gouvernement israélien a donné jeudi son feu vert à la construction de 1600 logements dans un quartier de colonisation de Jérusalem-Est, s'attirant la colère des Palestiniens à quelques semaines d'une échéance cruciale à l'ONU.

Le ministre de l'Intérieur, Eli Yishaï, a donné son «approbation finale» pour la construction de 1600 logements à Ramat Shlomo, a annoncé un porte-parole du ministère, Roei Lachmanovich.

Le ministre a également l'intention d'approuver aussi «dans les prochains jours» 2000 logements dans le quartier de colonisation israélien de Givat Hamatos et 700 autres à Pisgat Zeev, à Jérusalem-Est, a poursuivi M. Lachmanovich.

Ces projets ont été approuvés en «raison de la crise économique en Israël, cela va aider ceux qui cherchent des terrains pour construire à Jérusalem», a-t-il ajouté, en allusion au mouvement de contestation sociale qui secoue le pays depuis la mi-juillet après la hausse vertigineuse du prix des logements.

«Tout cela n'a rien de politique, c'est seulement économique», a assuré le porte-parole. Selon le Premier ministre Benjamin Netanyahu, la construction accélérée de logements devrait provoquer à terme une baisse des prix et apaiser cette vague de protestation sans précédent.

L'Autorité palestinienne a aussitôt dénoncé ces prochaines constructions.

«Nous condamnons vivement la décision israélienne de construire de nouveaux logements de colons à Jérusalem-Est», a déclaré à l'AFP le négociateur Saëb Erakat, en exhortant les États-Unis à revenir sur leur décision de s'opposer à la demande de reconnaissance d'un État de Palestine par la communauté internationale et son intégration au sein de l'ONU en septembre.

Yariv Oppenheimer, le secrétaire général de La Paix Maintenant, la principale organisation anticolonisation israélienne, a également fustigé la décision du gouvernement: M. Nétanyahou «exploite la crise sociale actuelle en Israël pour promouvoir son idéologie de droite et rendre impossible tout accord avec les Palestiniens sur Jérusalem».

Le projet des 1600 logements de Ramat Shlomo avait été annoncé en mars 2010 lors d'une visite du vice-président américain Joe Biden, déclenchant un sérieux coup de froid diplomatique avec les États-Unis. La communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion de Jérusalem-Est par Israël en juin 1967.

Le 4 août, le ministère de l'Intérieur avait déjà donné son approbation définitive à la construction de 900 logements près de Har Homa, un autre  quartier de colonisation juif de Jérusalem-Est. Cette décision avait été critiquée par les Palestiniens, mais aussi par les États-Unis et l'Union européenne.

Par la voix de son coordinateur spécial pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry, l'ONU a qualifié jeudi le projet de Ramat Shlomo de «provocateur», susceptible de «miner les efforts en cours de la communauté internationale pour ramener les parties à la table des négociations».

La France a rappelé que la colonisation était «illégale» à Jérusalem-Est comme en Cisjordanie, «quelles qu'en soient par ailleurs les justifications».

Plus de 300 000 Israéliens habitent dans les colonies de Cisjordanie occupée, un nombre en augmentation constante. Environ 200 000 autres se sont installés dans une douzaine de quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, où vivent quelque 270 000 Palestiniens.

Faute de perspective sérieuse de reprise des négociations de paix, enlisées depuis près d'un an, les Palestiniens comptent demander en septembre à l'ONU l'admission en son sein d'un État de Palestine.

Pour reprendre les discussions, les responsables palestiniens exigent un nouveau moratoire sur la colonisation, y compris à Jérusalem-Est, auquel Israël s'est refusé malgré d'intenses pressions internationales.