Le général américain David Petraeus a officiellement quitté lundi le commandement des forces internationales en Afghanistan, au moment critique où l'OTAN commence à céder aux forces locales la responsabilité de la sécurité du pays, toujours déchiré par les violences.

David Petraeus, appelé à diriger la CIA, a transmis le commandement au général américain John Allen, lors d'une cérémonie à Kaboul à laquelle assistaient notamment le plus haut gradé américain Mike Mullen, en visite en Afghanistan, et le ministre afghan de la Défense, Abdul Rahim Wardak.

Le général Petraeus quitte l'Afghanistan après un an à la tête de la coalition sans avoir pu enrayer la spirale des violences dans le pays, où deux proches du président Hamid Karzaï ont été assassinés ces derniers jours.

Son bilan en Afghanistan, inspiré de ses succès en Irak et de ses théories sur la contre-insurrection, apparaît pour le moins mitigé.

«Nous avons atteint un tournant important de notre campagne» et «stoppé l'élan des ennemis du nouvel Afghanistan dans la majorité du pays», a déclaré David Petraeus durant la cérémonie. Des zones importantes des anciens bastions talibans ont été reprises à l'insurrection, a-t-il assuré.

Mais nombre d'experts notent que les talibans sont loin d'être battus dans les régions méridionales et soulignent que l'insurrection s'est renforcée dans ses autres bastions de l'est et continue de gagner du terrain par ailleurs.

Appelé à prendre la tête de la CIA en remplacement de Leon Panetta, devenu secrétaire à la Défense, David Petraeus était partisan d'un durcissement de la guerre.

Comme d'autres responsables militaires américains, il a été désavoué ces derniers mois par le président américain Barack Obama, désireux lui de mettre fin à un conflit aux allures de bourbier et vieux de près de dix ans.

M. Obama a annoncé en juin le retrait d'ici l'été 2012 de 30 000 hommes, soit le tiers de son contingent en Afghanistan et la totalité des renforts envoyés depuis fin 2009 pour briser l'élan des talibans.

Le général Petraeus, qui plaidait ces derniers mois pour un retrait beaucoup plus limité et un rythme plus lent, avait réagi à cette décision en affirmant qu'elle était «une version plus radicale du calendrier» qu'il avait présenté à M. Obama.

Considéré comme l'artisan de la stratégie gagnante des États-Unis en Irak, David Petraeus était arrivé en Afghanistan en juin 2010 pour remplacer le général américain Stanley McChrystal, révoqué après la publication dans la presse de propos critiques à l'égard de M. Obama.

Le général Allen était lui jusqu'ici commandant en second du Centcom, le commandement américain au Moyen Orient et en Asie centrale.

À la tête d'une coalition de quelque 130 000 hommes aujourd'hui, il aura la lourde tâche de superviser le début du processus critique de transition, entamé ce dimanche, par lequel l'OTAN doit transmettre progressivement la responsabilité de la sécurité du pays aux forces afghanes.

Ce processus, censé s'achever fin 2014, doit s'accompagner en parallèle d'un retrait progressif des forces combattantes de l'OTAN.

Mais nombre d'experts doutent de la capacité des forces afghanes à assurer seules la sécurité du pays, où les violences ne faiblissent pas.

Dimanche soir, un proche conseiller et ami de longue date du président Karzaï, Jan Mohammad Khan, a été assassiné par des hommes armés à son domicile de Kaboul, quelques jours après le meurtre du propre demi-frère du chef de l'État, Ahmed Wali Karzaï, tué par balle à son domicile de son fief de Kandahar (sud).

Ces décès sont un coup dur pour le président afghan, les deux hommes étant considérés comme les hommes forts et les principaux relais du président afghan dans l'instable sud du pays, berceau historique et bastion des  insurgés talibans.