Deux soldats américains ont été tués samedi et un blessé dans une fusillade consécutive à une apparente dispute avec un membre de l'agence afghane du renseignement, tué également, dans la province du Panchir, l'une des plus calmes d'Afghanistan, a annoncé son vice-gouverneur.

«Deux soldats américains ont été tués, un troisième blessé, l'agent de la NDS (Direction nationale de la sécurité - renseignement) a également été tué dans l'échange de tirs», qui a éclaté sur une route de la province, a déclaré à l'AFP le vice-gouverneur du Panchir, Abdul Rehman.

Un porte-parole de la Force de l'OTAN (Isaf) a confirmé que «des membres de l'Isaf avaient été impliqués» dans une «fusillade dans le Panchir aujourd'hui» (samedi).

«Il y a des victimes au sein de l'Isaf», a-t-il ajouté, indiquant ne pas être en mesure de donner plus de précisions.

M. Rehman a écarté toute implication des insurgés talibans dans la fusillade et affirmé qu'une altercation verbale entre les parties les avait conduits à sortir leurs armes et à ouvrir le feu.

L'agent tué, originaire du Panchir, «travaillait comme garde du corps d'un haut responsable de la NDS et avait toute sa confiance. Nous excluons tout rôle de l'ennemi» dans cette fusillade, a-t-il expliqué.

Selon lui, l'homme était sur le chemin du retour, après avoir passé le week-end (jeudi et vendredi en Afghanistan) dans sa province d'origine, située à deux heures de route de Kaboul.

Les soldats américains travaillaient au sein de l'Équipe provinciale de reconstruction (EPR) du Panchir, selon M. Rehman. Les EPR sont des unités civilo-militaires chargées de projets de développement en Afghanistan.

Les talibans, qui ont pour habitude d'exagérer leurs bilans et qui s'attribuent souvent des actions qu'ils n'ont pas commises ont néanmoins affirmé samedi avoir abattu trois membres de l'EPR du Panchir et en avoir blessé un quatrième dans une embuscade.

Une autre source au sein des autorités provinciales a indiqué que l'agent tué était membre de la garde rapprochée du chef adjoint des services du renseignement, Hessamudin Hessam. Selon cette source, l'incident pourrait avoir été causé par un accident de voiture ou une altercation verbale sur la route.

Le Panchir, fief du défunt commandant Ahmad Shah Massoud, figure des résistances antisoviétique et antitalibans tué dans un attentat attribué à Al-Qaïda le 9 septembre 2001, est l'une des provinces les plus paisibles d'Afghanistan.

Quand ils étaient au pouvoir en Afghanistan, entre 1996 et 2001, les talibans n'ont jamais réussi à pénétrer dans la province. Aucune activité insurgée n'y a été signalée depuis.

Plusieurs soldats de l'OTAN ont été abattus ces dernières années par des militaires ou des policiers afghans, certains à la suite de différends, d'autres par des insurgés infiltrés au sein des forces afghanes.

L'événement le plus grave remonte au 27 avril: huit militaires et un formateur civil, tous américains, avaient été tués par un militaire afghan à l'intérieur de la base aérienne de Kaboul.

Les autorités afghanes avaient attribué l'incident à un différend entre militaires, mais les talibans avaient revendiqué la fusillade et le Pentagone l'avait qualifié «d'attaque».

Début juin, un policier italien avait été tué par balle par des habitants du Panchir dans des circonstances peu claires, semble-t-il après une altercation.