Une série d'attentats contre la police a fait au moins 27 morts et 89 blessés jeudi dans la ville multiethnique de Kirkouk, au nord de Bagdad, dans les violences les plus meurtrières en Irak depuis près de deux mois.

Ces attaques interviennent au moment où l'armée américaine, qui participe à une force tripartite censée contenir les tensions entre Arabes et Kurdes dans la province riche en pétrole dont Kirkouk est la capitale, a d'ores et déjà commencé à se retirer de certains secteurs de cette zone en prévision de son départ définitif du pays prévu à la fin de l'année.

Les trois attaques de jeudi matin, qui ont eu lieu dans un intervalle d'un peu plus d'une heure, risquent de nouveau de poser la question de la capacité des forces de sécurité dans un secteur où la lutte contre les groupes armés est compliquée par les tensions intercommunautaires.

«Les trois explosions ont fait 27 morts et 89 blessés, dont une majorité de policiers», a déclaré Sadiq Omar Rassoul, directeur des services de santé de la province, qui avait auparavant fait état de 25 morts et 79 blessés. Les victimes ont été réparties dans deux hôpitaux de cette ville à 240 km au nord de Bagdad.

On ignorait dans l'immédiat le bilan précis de chacune des explosions, mais les plus meurtrières ont vraisemblablement été les deux premières, survenues dans un stationnement du quartier général de la police de Kirkouk vers 09H20.

L'explosion d'une bombe magnétique sur un véhicule a été suivie quelques minutes plus tard par un attentat à la voiture piégée dans le stationnement, selon le commandant de police Salam Zangana.

Le policier Chirzad Kamel a confié à l'AFP s'être précipité avec un collègue vers le stationnement après la première explosion.

«Quand nous sommes arrivés, il y a eu une énorme explosion. Je suis tombé en arrière et j'ai vu des collègues morts, d'autres blessés, d'autres prendre feu», a-t-il raconté à l'hôpital général, où il faisait soigner ses blessures au ventre et au visage.

Une heure plus tard, vers 10H30, c'est le convoi du chef du département des enquêtes criminelles de la police locale, le colonel Aras Mohamed, qui a été la cible d'un attentat à la voiture piégée. Un responsable des services de sécurité a dans un premier temps fait état de 14 blessés, dont le colonel, dans cette puissante explosion qui a endommagé au moins sept véhicules du convoi.

Des voitures de police sillonnaient les rues de Kirkouk en appelant par haut-parleurs la population à aller donner du sang.

Selon des sources des services de sécurité, des attentats à Bagdad et Baqouba ont par ailleurs fait deux morts et 10 blessés jeudi, journée la plus meurtrière en Irak depuis le 29 mars, quand l'attaque du conseil provincial de Tikrit avait fait 58 morts.

Ces attentats surviennent au lendemain de l'annonce par le ministère de la Défense de l'arrestation du chef militaire présumé d'Al-Qaïda en Irak et de trois autres dirigeants de la branche irakienne de la nébuleuse extrémiste.

La province de Kirkouk demeure une des plus instables d'Irak du fait de tensions ethniques liées à la dispute entre le gouvernement central de Bagdad et les autorités régionales du Kurdistan qui revendiquent ce territoire. Certains responsables américains voient dans la question de Kirkouk une des plus grandes menaces pour la stabilité de l'Irak.

Pour autant, en prévision de son retrait d'Irak à la fin de l'année, l'armée américaine a officiellement restitué dimanche à Bagdad la responsabilité de la base McHenry, un avant-poste créé en 2003 dans le secteur de Hawija, à l'ouest de Kirkouk et qui a abrité jusqu'à 500 soldats.