Le président israélien Shimon Pérès estime, dans une interview publiée mardi, que des négociations de paix sont possibles avec le mouvement islamiste palestinien Hamas, pourtant considéré comme une organisation terroriste par l'État hébreu.

«Le nom ne m'intéresse pas. Ce qui compte, c'est le contenu. Tout peut arriver, car le Hamas a aussi des problèmes et n'est pas si fort», a affirmé M. Peres dans cette interview au journal en ligne Y-Net à l'occasion du 63e anniversaire de la création d'Israël.

Le président de l'État, une personnalité respectée mais dont la fonction est essentiellement symbolique et protocolaire, a rappelé que lorsqu'il avait «engagé des négociations avec (le défunt dirigeant palestinien Yasser) Arafat, on me disait que cela n'aboutirait à rien et aujourd'hui je pense la même chose à propos du Hamas».

Il faisait allusion aux pourparlers secrets avec l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui ont préludé aux accords d'Oslo sur l'autonomie palestinienne de 1993.

Selon lui, le Hamas s'expose à des sanctions économiques s'il s'obstine à rejeter les principes que la communauté internationale le somme d'accepter, à savoir la reconnaissance de l'État d'Israël et des accords conclus avec ce pays par les Palestiniens, et la renonciation à la violence.

«Dans toute négociation, chaque partie veut prouver aux siens qu'elle est forte, agressive et ne veut renoncer à rien. Mais, les dirigeants savent au fond d'eux-mêmes qu'ils n'ont pas le choix et qu'il faut faire la paix (...) Personne n'aspire à revenir aux effusions de sang, et c'est pourquoi il faut faire la différence entre les apparences et le potentiel caché», a-t-il dit.

Interrogé sur l'accord de réconciliation conclu le 27 avril entre le Hamas et le parti laïc Fatah du président Mahmoud Abbas, M. Peres a déclaré: «s'ils veulent s'unir, qu'ils s'unissent. Nous, nous parlons des questions de sécurité nous concernant, et s'ils forment une union avec une organisation qui continue de préconiser la destruction d'Israël, cela n'est plus une question intérieure palestinienne mais une affaire de politique étrangère qui nous concerne».

Lors d'une réception à Jérusalem du corps diplomatique, le président a par ailleurs affirmé qu'il y avait «deux camps parmi les Arabes. Un camp qui est prêt à négocier la paix, le Fatah, et le camp qui ne dénonce pas le terrorisme».

«Les deux camps tentent de s'unifier (...) Ce qui nous concerne, c'est que la Cisjordanie ne devienne pas Gaza. Nous souhaiterions que Gaza devienne la Cisjordanie», a-t-il ajouté, selon un communiqué de la présidence.

La bande de Gaza est contrôlée par le Hamas tandis que l'Autorité palestinienne de M. Abbas exerce ses pouvoirs sur une partie de la Cisjordanie.

Lundi, M. Peres avait indiqué que M. Abbas restait «absolument» un partenaire pour la paix, après la réconciliation avec le Hamas.