Les talibans ont déclenché samedi une série d'attaques, dont six attentats suicide, contre des cibles gouvernementales à Kandahar, la principale ville du sud de l'Afghanistan et leur ancienne capitale, faisant au moins deux morts et 29 blessés.

Les talibans ont déclaré avoir planifié ces actions de longue date et ne les ont pas liées à la mort d'Oussama ben Laden. Le bureau du président afghan Hamid Karzai a pour sa part vu dans l'opération de Kandahar une «vengeance» des extrémistes après l'élimination du chef d'Al-Qaïda.

«Deux personnes ont été tuées et 29 blessées dans les attaques terroristes d'aujourd'hui. Dix membres des forces de sécurité figurent parmi les blessés», a déclaré au cours d'une conférence de presse le gouverneur de la province de Kandahar, Tooryalai Wesa.

Les rebelles, armés de fusils et de lance-grenades, sont passés à l'action vers 13h00 heure locale (08h30 GMT). Ils ont pris le contrôle de plusieurs bâtiments et ont attaqué le bureau du gouverneur, qui se trouvait sur place lorsque l'attaque a commencé.

Il y a ensuite eu dix explosions, dont six attentats suicide et quatre attentats commis avec des véhicules piégés, a indiqué le gouverneur à la presse.

Au moins deux roquettes ont été tirées sur le bâtiment dans lequel se trouve le bureau du gouverneur, a déclaré à l'AFP Zalmay Ayubi, porte-parole des autorités de la province de Kandahar.

Quelques heures plus tard, le bureau du gouverneur a déclaré: «Nos forces de sécurité ont repoussé toutes les attaques des ennemis, mais leur résistance continue dans un secteur».

Des soldats de la force de l'Otan en Afghanistan, l'Isaf, ont participé aux côtés des forces gouvernementales afghanes aux combats de Kandahar contre les insurgés.

Il s'agit d'«une spectaculaire attaque dans le cadre de l'offensive de printemps (des talibans), qui a été mise en échec», a déclaré le général James Laster, un porte-parole de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf).

Des avions envoyés en soutien survolaient Kandahar.

Un journaliste de l'AFP se trouvant sur place a indiqué que l'attaque contre le bureau du gouverneur avait commencé à partir d'un immeuble proche occupé par les assaillants.

Des hommes armés ont aussi occupé un hôtel près du siège local des services de renseignement afghans, tandis que des kamikazes ont essayé de s'en prendre à deux commissariats de police, mais ont été tués avant de parvenir à se faire exploser avec leurs charges, selon les autorités.

Un journaliste de l'AFP a assisté à des scènes de chaos: il a notamment vu des ambulances évacuer des blessés alors même que des échanges de tirs continuaient dans la zone.

Yusuf Ahmadi, porte-parole des talibans, qui ont revendiqué l'opération, a déclaré à l'AFP que «de lourdes pertes avaient été infligées à l'ennemi».

Il a précisé que ces attaques avaient été planifiées il y a près de trois semaines et s'inscrivaient dans le cadre du déclenchement de l'offensive annuelle du printemps annoncé la semaine dernière.

Les talibans avaient toutefois averti vendredi que la mort de ben Laden, abattu au Pakistan par un commando américain dans la nuit de dimanche à lundi, donnerait un «nouvel élan» à la lutte contre les Occidentaux.

Les talibans ont été chassés du pouvoir à Kaboul par les Occidentaux après les attentats du 11 septembre 2001, téléguidés par Al-Qaïda à partir de l'Afghanistan et qui ont fait près de 3000 morts aux États-Unis.

À Kaboul, le bureau du président afghan Hamid Karzai, contrairement au porte-parole taliban, a explicitement lié les attaques de Kandahar à la mort de ben Laden.

«Al-Qaïda et ses membres terroristes, qui ont subi une lourde défaite avec l'élimination d'Oussama Ben Laden en territoire pakistanais, ont tenté de cacher cette défaite en tuant des civils à Kandahar et d'exercer leur vengeance sur le peuple innocent d'Afghanistan», a affirmé dans un communiqué le bureau de M. Karzai.

La ville de Kandahar est placée sous l'étroit contrôle des forces de sécurité afghanes, mais surtout des troupes internationales de l'Otan, qui y disposent de l'une de leurs principales bases aériennes.

Capitale du régime des talibans quand ils étaient au pouvoir de 1996 à 2001, Kandahar est restée depuis un des fiefs des insurgés islamistes. Ces derniers y procèdent régulièrement à des attaques visant les bâtiments publics, la police, l'armée et les forces internationales, qui comptent 130 000 soldats dans tout le pays, américains pour les deux tiers.