Israël a annoncé dimanche la suspension d'un transfert de fonds à l'Autorité palestinienne à la suite de l'accord de réconciliation entre le mouvement Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas islamiste, une décision dénoncée par le gouvernement palestinien à Ramallah.

Le ministre israélien des Finances, Youval Steinitz, a déclaré sur la radio militaire avoir ordonné le report d'une rencontre prévue dimanche et consacrée au transfert de taxes dues à l'Autorité palestinienne et prélevées par Israël.

Durant cette rencontre, les experts des deux camps devaient entériner le transfert à l'Autorité palestinienne d'une tranche de 300 millions de shekels (59,6 millions d'euros), selon le quotidien Yediot Aharonot.

Les responsables palestiniens «doivent prouver que ces fonds ne vont pas alimenter une caisse commune dans le gouvernement qu'ils veulent former avec le Hamas», a expliqué M. Steinitz.

Le Fatah, principal parti de l'Autorité palestinienne, et le mouvement Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, s'apprêtent à signer mardi un accord de réconciliation nationale au Caire.

Cet accord, applaudi par les Palestiniens, a été vivement critiqué par les dirigeants israéliens. Le Hamas est en effet considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l'Union européenne.

«Cet accord avec le Hamas, qui appelle à la destruction de l'État d'Israël, doit inquiéter non seulement tous les ressortissants israéliens, mais aussi tous ceux qui à travers le monde aspirent à la paix entre Israël et ses voisins palestiniens», a encore affirmé dimanche le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, au début de la réunion hebdomadaire de son cabinet.

En vertu des auxiliaires économiques des accords d'Oslo (1993), Israël reverse à l'Autorité palestinienne des taxes qu'il prélève pour le compte de cette dernière sur des marchandises transitant via les ports et aéroports israéliens.

Ces fonds, qui atteignent de 3,5 à 5 milliards de shekels (700 millions à un milliard d'euros) par an, représentent les deux tiers du budget annuel de l'Autorité palestinienne.

«Il n'est pas question pour nous qu'une caisse commune (palestinienne) puisse financer les activités terroristes du Hamas, notamment ses achats de roquettes, et nous voulons qu'il soit établi qu'il y aura deux caisses séparées», a insisté M. Steinitz.

«Ces fonds reviennent au peuple palestinien. Israël les collecte en prélevant une commission de 3%», a rappelé à l'AFP le ministre palestinien de l'Économie, Hassan Abou Libdeh, précisant que les fonds étaient transférés le 4 de chaque mois.

Tout retard dans le transfert constitue «une atteinte aux droits des Palestiniens et une grave violation des arrangements actuels, dont Israël porte l'entière responsabilité», a-t-il souligné, déplorant «l'ingérence d'Israël dans les affaires intérieures palestiniennes».

De son côté, le Hamas a fustigé «un acte de piraterie sioniste» auquel il s'est promis de répondre «par une volonté encore plus grande de réconciliation».

L'accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas prévoit la création d'un gouvernement de transition formé par des technocrates jusqu'à la tenue d'ici un an d'élections présidentielle et législatives simultanées.