Au moins dix personnes, dont cinq enfants, ont été tuées mercredi dans un attentat suicide perpétré lors d'un rassemblement de chefs de tribus dans une province instable de l'est de l'Afghanistan, ont annoncé à l'AFP des responsables gouvernementaux.

«Un kamikaze a visé un rassemblement de chefs et d'anciens de tribus dans le district d'Asmar de la province de Kunar aujourd'hui. Dix personnes ont été tuées» dont Malik Zarin, un influent notable pro-gouvernemental de la province, «et sept autres blessées», a déclaré Zemaraï Bashary, un porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur.

Selon le chef de la police du district, Mohammad Shoaib, le kamikaze s'est fait exploser alors qu'il s'était approché de Malik Zarin pour le saluer.

«Il a donné l'accolade à Malik Zarin et a déclenché les explosifs qu'il portait sur lui», a indiqué M. Shoaib.

Le ministère de l'Education a annoncé que cinq élèves, âgés de cinq à 15 ans, avaient été tués dans l'attentat. Le ministère n'a pas précisé la raison de leur présence, mais il est courant en Afghanistan que des jeunes assistent à de telles réunions pour assister les notables, souvent âgés.

La province montagneuse et reculée de Kunar, frontalière du Pakistan, est l'un des bastions de la rébellion menée par les talibans et leurs alliées d'Al Qaïda contre le gouvernement de Kaboul et les quelque 130 000 soldats internationaux américains et de l'OTAN qui le soutiennent.

Les talibans ont toutefois nié toute implication dans cet attentat, dans un message envoyé à l'AFP.

Le président afghan Hamid Karzaï a condamné l'attaque l'attribuant «aux lâches esclaves embauchés par les ennemis historiques de l'Afghanistan», sans plus de précision.

Les attentats suicide sont, avec les bombes artisanales placées sur les routes, les armes de prédilection des rebelles.

L'armée et la police afghane, mais également les autorités locales ou anciens de tribus proches du gouvernement, en sont fréquemment la cible.

La semaine dernière, le Wall Street Journal a indiqué qu'Al-Qaïda se réimplantait progressivement dans l'est de l'Afghanistan, notamment dans les provinces de Kunar et du Nouristan, très montagneuses et difficiles d'accès pour les forces de l'OTAN.

Le quotidien affirmait notamment que des combattants arabes d'Al-Qaïda s'y étaient réinstallés en profitant du retrait progressif des forces américaines de cette région.

La force de l'OTAN en Afghanistan (Isaf), très impopulaire à Kunar où ses bombardements ont tué plusieurs dizaines de civils ces derniers mois selon les autorités locales, a démenti ces informations.

Des responsables américains et de l'Otan avaient précédemment décrit Al-Qaïda comme étant réduite à la portion congrue en Afghanistan, avec au maximum quelques dizaines de combattants sur le terrain.