Une bombe qui a explosé hier à Jérusalem, tuant une femme, et des bombardements israéliens, qui ont fait huit morts dans la bande de Gaza la veille, ont remis à l'ordre du jour planétaire le conflit israélo-palestinien, quelque peu oublié dans le charivari du printemps arabe. Les causes et les conséquences des événements des derniers jours en quatre questions et réponses.

Q: Dans quel contexte a lieu ce regain de violence au Proche-Orient?

R: Plusieurs facteurs ont contribué à la montée de la tension dans les deux camps au cours des dernières semaines, selon le politologue Sami Aoun, professeur de sciences politiques à l'Université de Sherbrooke et spécialiste du Proche-Orient. Une des principales raisons est l'échec, l'an dernier, des négociations entre les autorités israéliennes et palestiniennes. Le 10 mars, des émissaires du quartette international qui encadre les négos au Proche-Orient ont tenté de dénouer l'impasse, mais en vain. Dans une autre tentative de remettre les pourparlers sur les rails, le président russe Dmitri Medvedev vient de rencontrer le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et il s'entretiendra aujourd'hui avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou. «Faut-il aller de l'avant avec la solution des deux États ou faut-il l'enterrer? C'est la question qui est posée en ce moment», note M. Aoun. La tension politique est donc palpable.

Q: La multiplication des révolutions et des mouvements prodémocratiques a-t-elle un impact sur le conflit?

R: Oui, absolument. Les Israéliens se demandent comment gérer la chute d'Hosni Moubarak, leur principal allié dans le monde arabe, explique Sami Aoun. Sa disparition a notamment eu un impact sur le blocus de Gaza, mis en place en 2007 après la victoire du Hamas et soutenu par l'Égypte de Moubarak. «Perplexes en regardant ce qui se passe dans la région, les Israéliens sont tombés dans la surprotection et ont commencé à verrouiller Gaza davantage», note M. Aoun. La fermeture d'un des points de passage centraux vers la bande de Gaza a soulevé la colère de beaucoup de Palestiniens. «De leur côté, les groupes islamistes palestiniens ont peur d'être dépassés par le mouvement prodémocratique qui s'étend dans la région», ajoute M. Aoun.

Q: Dans ce contexte, quelle est l'importance de l'attentat d'hier en Israël?

R: C'était le premier attentat à la bombe perpétré en Israël depuis 2004. Il n'est cependant pas le premier geste de violence des derniers jours. La semaine dernière, deux militants du Hamas ont été tués dans une attaque aérienne israélienne. Une famille de colons juifs a été assassinée le week-end dernier en Cisjordanie. Lundi et mardi, des roquettes ont été lancées de la bande de Gaza vers le sud d'Israël. Mardi, une attaque israélienne a tué huit Palestiniens, dont trois jeunes, un homme de 60 ans ainsi que quatre militants des brigades Al-Qods dans la bande de Gaza. Un porte-parole des brigades a revendiqué les tirs de roquettes des derniers jours.

Q: Peut-on s'attendre à plus de violence?

R: Par le passé, les attentats ont toujours été suivis de représailles. Hier, avant de partir à Moscou, Benjamin Nétanyahou a affirmé que son pays se défendra avec une «volonté de fer» contre les groupes armés palestiniens «qui tentent de tester notre volonté et notre détermination». Cependant, l'ambassadeur d'Israël aux États-Unis disait hier qu'il n'y aurait pas d'escalade de violence et le Hamas affirmait vouloir ramener le calme dans le territoire palestinien dont il a le contrôle. Jusqu'à la semaine dernière, Israël et le Hamas observaient une trêve des hostilités.