Les États-Unis ont, sans surprise, mis leur veto vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution arabe condamnant la politique de colonisation israélienne, ce qui a immédiatement déclenché la colère des Palestiniens.

L'Autorité palestinienne va «réévaluer» l'ensemble du processus de négociations de paix après le veto américain, a indiqué Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et un des principaux négociateurs palestiniens. «Il s'agit d'une décision malheureuse et déséquilibrée, qui affecte la crédibilité de l'administration américaine», a-t-il déclaré.

Peu après le vote, l'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice a expliqué que la résolution, si elle avait été adoptée, aurait pu «encourager les parties à demeurer en dehors des négociations».

Elle a néanmoins admis que la colonisation israélienne détruisait «la confiance entre les parties» et menaçait «les perspectives de paix».

Les 14 autres membres du Conseil ont voté en faveur de la résolution.

C'est la première fois que les États-Unis opposent leur veto à une résolution du Conseil depuis que Barack Obama dirige le pays.

Le projet de résolution, parrainé par quelque 130 pays, réaffirmait que «les colonies israéliennes établies dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, sont illégales et constituent un obstacle majeur à la réussite d'une paix juste, durable et globale».

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont rappelé «le caractère illégal» de la colonisation et «la menace» qu'elle constituait pour une solution à deux États. Ils ont appelé les deux parties à revenir aux négociations directes et souligné que leur objectif restait de parvenir à un accord sur le statut final et que la Palestine devienne membre de l'ONU dès septembre 2011.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a regretté qu'il n'ait pas été possible de «trouver un consensus» sur le projet de résolution arabe.

Israël a remercié le président Obama et appelé les Palestiniens à reprendre immédiatement et sans condition préalable les négociations directes.

Les États-Unis ont tenté jusqu'à la dernière minute de convaincre les Palestiniens de ne pas procéder à un vote, mais à la place, d'adopter une déclaration de la présidence du Conseil de sécurité.

Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a rejeté vendredi les appels américains à renoncer à la résolution, lors d'une conversation avec la secrétaire d'État Hillary Clinton, selon son porte-parole.

Le projet de résolution, déposé à la mi-janvier au Conseil de sécurité à l'initiative du Groupe arabe à l'ONU, a fait l'objet d'âpres tractations avec les États-Unis.

Susan Rice avait proposé une déclaration non contraignante de la présidence critique à l'égard de la colonisation israélienne, assortie de la promesse de l'envoi sur place d'une mission du Conseil et d'une référence aux frontières de 1967 dans le prochain communiqué du Quartette sur le Proche-Orient (États-Unis, ONU, Russie, UE).

Le président Obama avait proposé d'ajouter un paragraphe à la déclaration appelant Israël à un nouveau moratoire de la colonisation.

Les États-Unis ont cherché à éviter un veto, car celui-ci ne manquera pas de porter tort à leur image dans le monde arabo-musulman, à un moment où plusieurs de ces pays sont confrontés à des manifestations, après celles en Égypte et en Tunisie qui ont fait tomber les régimes en place, relèvent des diplomates.

«Cela n'est pas fait pour améliorer leur image à un moment particulièrement sensible», a déclaré l'un d'eux sous couvert d'anonymat.

Le négociateur palestinien Nabil Chaath avait averti mardi que Washington risquait de perdre à jamais sa crédibilité comme parrain du processus de paix au Proche-Orient s'il venait à user de son droit de veto.

Les pourparlers de paix, brièvement relancés en septembre, sont suspendus depuis l'expiration d'un moratoire israélien sur les nouvelles constructions israéliennes.