Les consultations pour nommer un nouveau premier ministre au Liban, prévues lundi, après la chute du gouvernement provoquée par la démission des ministres du Hezbollah sur fond de crise liée à l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri, ont été reportées au 24 janvier.

«Après avoir évalué les positions de différentes parties au Liban (...) le président Michel Sleimane a décidé de reporter les consultations parlementaires à lundi 24 janvier et mardi 25 janvier 2011», a indiqué un communiqué du bureau du président de la République.

Ces consultations entre le chef d'État et les députés doivent se tenir après l'effondrement le 12 janvier du gouvernement de coalition de Saad Hariri, fils de Rafic, provoquée par la démission des ministres du parti chiite Hezbollah et de ses alliés.

Les médias ont indiqué que les consultations ont été reportées dans l'attente des résultats de la réunion lundi à Damas entre les dirigeants de la Turquie, de la Syrie et du Qatar sur la crise libanaise.

La crise gouvernementale a pour origine l'acte d'accusation du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) en charge de l'enquête sur le meurtre en 2005 de l'ancien premier ministre Rafic Hariri, dont la remise par le procureur au juge de la mise en état est attendue lundi lors d'une audience à huis-clos.

Le puissant mouvement chiite armé, qui s'attend à être mis en cause dans l'assassinat, a prévenu dimanche qu'il se «défendra» contre toute charge.

«Nous ne permettrons pas (...) qu'on nous fasse endosser injustement le sang de (l'ancien) premier ministre martyr Rafic Hariri», a déclaré le leader du mouvement Hassan Nasrallah dans un discours télévisé.

«Nous agirons pour défendre notre dignité, notre existence et notre réputation», a-t-il martelé, soulignant qu'il fera savoir dans les prochains jours comment il se défendra.

Hassan Nasrallah a indiqué par ailleurs que l'opposition menée par son parti n'allait pas proposer le nom de M. Hariri auprès du chef d'État.

La formation chiite accuse le TSL de faire partie d'un «complot israélo-américain» visant à la détruire. Depuis des mois, il fait pression sur Saad Hariri pour qu'il désavoue le tribunal, ce que ce dernier a refusé de faire. Plusieurs médias étrangers ont indiqué que le TSL mettrait en cause des membres du Hezbollah.

Les mises en accusation, confidentielles, seront remises par le procureur Daniel Bellemare au juge de la mise en état, Daniel Fransen, chargé de les examiner en vue de leur confirmation, un processus qui peut prendre de «six à dix semaines».

Le Hezbollah veut que le nouveau premier ministre cesse toute coopération avec le TSL, en retirant les juges libanais, en arrêtant le financement du pays à cette instance et en se retirant du protocole signé avec l'instance.

La crise politique dans ce petit pays méditerranéen fait craindre une résurgence des violences et inquiète la communauté internationale.

Dimanche soir, le président français Nicolas Sarkozy a proposé la création d'un «Groupe de contact» de pays qui seraient prêts à mettre en commun leurs efforts pour aider le Liban à surmonter sa crise.

Une chaîne libanaise a diffusé dimanche soir un enregistrement sonore daté de 2007 dans lequel Saad Hariri affirme devant la commission d'enquête qu'il était convaincu que le régime syrien a commandité l'assassinat de son père.

Dans un communiqué, M. Hariri a indiqué que «ce témoignage remonte à plusieurs années et (se situe) dans un contexte politique bien connu».

La Syrie avait été montrée du doigt par le camp de Saad Hariri dans ce meurtre. Mais M. Hariri, dont les relations se sont améliorées avec la Syrie depuis qu'il est devenu premier ministre fin 2009, a affirmé en septembre avoir commis une «erreur» en accusant Damas.