L'acte d'accusation du procureur du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) en charge de l'enquête sur l'assassinat du dirigeant Rafic Hariri va être remis lundi, a confirmé à l'AFP samedi le ministre du Travail en exercice Boutros Harb.

«L'acte d'accusation sera remis lundi d'après les informations dont je dispose», a-t-il dit sans autre précision.

Cette date coïncidera avec le début des consultations qu'entreprendra le président de la République Michel Sleimane avec les groupes parlementaires qui doivent proposer le nom du futur chef du gouvernement au Liban, après la chute du gouvernement de Saad Hariri provoquée par la démission des ministres du camp Hezbollah.

L'enquête du TSL est à l'origine de la crise politique actuelle au Liban.

Les mises en accusation, confidentielles, doivent être remises par le procureur du TSL, Daniel Bellemare, au juge de la mise en état, le Belge Daniel Fransen, qui est chargé de les examiner en vue de leur confirmation. Une fois les chefs d'accusation confirmés, des mandats d'arrêt ou des citations à comparaître peuvent être délivrés.

Selon le site internet du quotidien français Le Monde, citant des sources au sein du bureau du procureur, M. Bellemare doit remettre lundi ses «accusations qui viseraient des membres du Hezbollah», dans le cadre de l'enquête sur l'attentat contre l'ex-premier ministre libanais en 2005 à Beyrouth.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole du TSL n'a pas confirmé l'information du quotidien.

Le TSL, créé en 2007 à la demande du Liban, en vertu d'une résolution de l'ONU, est chargé de juger les responsables de l'attentat à la camionnette piégée au cours duquel Rafic Hariri et 22 autres personnes avaient été tués le 14 février 2005 en plein coeur de Beyrouth.

Le tribunal siège à Leidschendam, dans la banlieue de La Haye, pour des raisons de sécurité.

Plusieurs médias étrangers, dont récemment la chaîne publique canadienne CBC, ont rapporté que l'enquête s'orientait vers une accusation du Hezbollah, le plus puissant mouvement militaire au Liban.

Le Hezbollah, qui dit depuis des mois s'attendre à cette éventualité, ne cesse de répéter qu'il n'acceptera pas qu'un de ses militants soit mis en cause, accusant le TSL de faire partie d'un «complot israélo-américain» visant à le détruire.

Saad Hariri, fils de Rafic, est depuis des mois soumis à de fortes pressions de la part du Hezbollah pour qu'il désavoue le TSL, ce qu'il refuse.

Le bras de fer entre le Hezbollah et le camp Hariri fait craindre une résurgence des violences et inquiète la communauté internationale.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit s'exprimer dimanche soir sur la crise politique.