L'attentat devant une église d'Alexandrie en Égypte dans lequel 21 personnes ont péri aurait bien pu être plus meurtrier si le kamikaze était parvenu, comme il en avait probablement l'intention, à entrer dans le lieu de culte durant la messe de Nouvel An, selon les enquêteurs.

Les enquêteurs égyptiens ont affirmé mardi que l'assaillant présumé voulait entrer dans l'église où l'office était sur le point de s'achever, mais la présence de policiers postés aux portes de l'édifice l'en a dissuadé.

Il a finalement fait détonner une ceinture contenant 10 à 15 kg d'explosifs, des boulons et des roulements à billes, peu après minuit, au moment où des fidèles commençaient à sortir.

Une tête, qui pourrait être celle de l'assaillant, a été découverte sur les lieux de l'attaque et représente la principale piste suivie par les enquêteurs.

Des chirurgiens ont été sollicités pour tenter de reconstituer le visage afin de déterminer l'identité de cet homme, qui pourrait être âgé d'une trentaine d'années.

L'attaque n'a pas encore été revendiquée, mais le pouvoir dénonce des «mains étrangères» derrière l'attentat, même si selon les premiers éléments de l'enquête l'explosif serait de fabrication locale.

Cet attentat a provoqué de nombreuses manifestations de Coptes au Caire et à Alexandrie, qui ont à plusieurs reprises donné lieu à des heurts avec la police et fait des dizaines de blessés.

L'attentat survient deux mois après des menaces contre les chrétiens d'Égypte proférées par la branche irakienne d'Al-Qaïda, qui les accuse de séquestrer des femmes de prêtres coptes orthodoxes qui se seraient converties à l'islam.

Ce groupe irakien avait revendiqué l'attentat du 31 octobre contre la cathédrale syriaque catholique de Bagdad où 46 civils, dont deux prêtres, sept membres des forces de sécurité et les cinq assaillants avaient péri.

La protection policière a été renforcée autour des églises d'Égypte, à l'approche des célébrations du Noël copte orthodoxe jeudi et vendredi. Vendredi est également le jour de prière pour les musulmans.

La surveillance est également renforcée par la police ou les fidèles autour des lieux de culte de la diaspora copte dans plusieurs pays comme la France, le Canada, l'Allemagne ou le Royaume-uni. Aux Pays-Bas, des organisations musulmanes néerlandaises ont proposé de surveiller des églises coptes.

Les dirigeants égyptiens et les principales autorités religieuses du pays, chrétiennes et musulmanes, ont condamné ce massacre, et multiplié les appels au calme et à l'unité nationale.

À l'étranger de nombreux gouvernements et des responsables religieux de toutes confessions - du pape Benoît XVI au grand mufti d'Arabie saoudite, Cheikh al-Cheikh - ont aussi dénoncé cet attentat.

Des organisations égyptiennes de défense des droits de l'Homme ont toutefois vivement critiqué mardi dans un communiqué la politique du pouvoir, l'accusant de créer un «terrain fertile» pour ce genre de violence.

«La mauvaise gestion des tensions confessionnelles et de la violence par l'État crée un terrain fertile et un environnement propice pour que ce genre d'événement se produise», écrivent douze ONG regroupées dans un Forum des organisations indépendantes égyptiennes pour les droits de l'Homme.

Les Coptes d'Égypte, la plus nombreuse communauté chrétienne du Moyen-Orient, représentent 6 à 10% des quelque 80 millions d'Égyptiens, en grande majorité de confession sunnite.

Des heurts parfois meurtriers ont déjà eu lieu entre les deux communautés, le plus souvent dans des zones rurales, très différents toutefois de l'attentat-suicide d'Alexandrie.