Le fils de Sakineh Mohammadi-Ashtiani, une Iranienne condamnée à la lapidation pour adultères, a demandé que la peine de mort de sa mère soit commuée, lors d'une rencontre samedi avec la presse à Tabriz, dans le nord-ouest de l'Iran.

«Le verdict prononcé contre ma mère est la lapidation, mais elle ne devrait pas avoir lieu. Je demande que la sentence de mort soit commuée», a déclaré Sajjad Ghaderzadeh.

«Je considère ma mère et Issa Taheri comme les meurtriers de mon père et les deux sont coupables. J'ai cru qu'elle serait libérée s'il y avait une polémique autour de son dossier», a-t-il déclaré.

«Après tout, la décision appartient à la justice car (l'ancien chef de la justice l'ayatollah Mahmoud Hachemi) Shahroudi avait demandé l'arrêt des peines de lapidation», a-t-il expliqué.

Il a ajouté que selon Me Javid Houtan Kian, l'avocat de la famille, «13 sentences de lapidation avaient été commuées» dans le passé.

La rencontre entre Sajjad Ghaderzadeh et la presse étrangère a été organisée par la justice locale à Tabriz où Sakineh Mohammadi-Ashtiani, 43 ans, est emprisonnée.

Elle a été condamnée à mort en 2006 pour implication dans le meurtre de son mari, avec l'aide de son amant Issa Taheri, et à la lapidation pour adultères. La première peine a été ramenée à 10 ans de prison en appel en 2007, mais la seconde a été confirmée la même année par une autre cour d'appel.

La révélation de cette affaire en juillet par des associations de défense des droits de l'Homme a provoqué une vive émotion en Occident et une intense mobilisation, de nombreux pays demandant que cette sentence «barbare» ne soit pas appliquée.

La justice a suspendu en juillet la peine de lapidation en attendant un nouvel examen du dossier.

Sajjad Ghaderzadeh et Me Houtan Kian ont été arrêtés le 10 octobre en même temps que deux journalistes allemands qui s'étaient rendus à Tabriz à l'insu des autorités iraniennes pour les interviewer.

Sajjad Ghaderzadeh a affirmé qu'il a été libéré sous caution le 12 décembre.

«J'ai été arrêté parce que j'ai parlé à des journalistes étrangers qui étaient ici illégalement et il n'y pas d'autres charges contre moi», a-t-il expliqué.

Les deux journalistes allemands, travaillant pour le journal Bild am Sonntag du groupe de presse Axel Springer, ont pu rencontrer lundi des membres de leurs familles à Tabriz où ils sont en prison.

M. Ghaderzadeh a expliqué avoir trouvé le nom de Mina Ahadi, qui dirige le Comité international antilapidation dont le siège est à Berlin, sur internet.

«Mina Ahadi m'a présenté Mohammad Mostafaie, qui m'a pris 20 millions de rials (2.000 dollars) et s'est échappé à l'étranger sans jamais me rencontrer ni voir ma mère», a-t-il ajouté.

Me Mostafaie, avocat de Sakineh, s'était réfugié en Norvège début août pour échapper à un mandat d'arrêt émis par les autorités iraniennes.

M. Ghaderzadeh a qualifié de «mensonge» une déclaration de Me Mostafaie qui a affirmé que son «père était un toxicomane».

«J'attends de la part des médias étrangers de ne pas écrire à propos de cette affaire. Je pensais qu'avec la polémique créée, je trouverais une solution, mais cela n'a fait que tout compliquer», a-t-il affirmé.

Enfin, il a ajouté qu'il allait «porter plainte» contre Mina Ahadi et Mohammad Mostafaie pour avoir utilisé à leurs fins ce dossier et Me Houtan Kian pour lui avoir conseillé de «créer une polémique».

Il a également affirmé qu'il allait poursuivre Issa Taheri.

«Pourquoi est-il libre? Je vais le poursuivre» en justice, a-t-il dit.

En fait, Sajjad Ghaderzadeh a accordé son pardon à M. Taheri, ce qui lui a permis d'échapper à la mort, comme le prévoit la loi iranienne.