Israël a décidé de différer la reprise de son «dialogue stratégique» avec Londres jusqu'à ce que la Grande-Bretagne révise une loi controversée sur les crimes de guerre, a indiqué mercredi le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.

«Le dialogue stratégique (avec la Grande-Bretagne) a été différé. La visite du chef de la diplomatie britannique (William) Hague constitue une phase importante dans les échanges bilatéraux en cours», a affirmé à l'AFP Yigal Palmor, alors que M. Hague a débuté mardi soir une visite en Israël et dans les territoires palestiniens.

«Le fait que les officiels israéliens ne puissent pas se rendre en Grande-Bretagne sera la priorité numéro un de l'agenda de cette visite en ce qui nous concerne», a-t-il ajouté.

Interrogé sur la nature de ce «dialogue stratégique», Mark Regev, porte-parole du premier ministre Benjamin Nétanyahou, s'est borné à répondre qu'il s'agissait d'un «domaine sensible».

Selon les médias israéliens, Dan Meridor, ministre israélien pour les Services secrets, a récemment annulé une visite en Grande-Bretagne à la suite d'informations selon lesquelles il aurait fait l'objet d'une plainte pour son rôle présumé dans l'abordage sanglant le 31 mai par la marine israélienne d'une flottille internationale qui voulait briser le blocus de Gaza.

En mai, M. Hague, interrogé sur l'annulation de la visite de l'ex-ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni, visée en décembre 2009 par un mandat d'arrêt d'un tribunal britannique sur plainte de militants palestiniens pour l'offensive israélienne meurtrière dans la bande de Gaza en décembre 2008/janvier 2009, avait jugé cette situation «insatisfaisante» et «indéfendable». Il avait affirmé son «intention d'agir rapidement».

Selon la législation britannique, un juge peut délivrer un mandat d'arrêt contre une personnalité étrangère en visite au Royaume-Uni, à la demande d'un plaignant, s'il estime qu'elle a pu participer à des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité.

Des associations palestiniennes ont utilisé cette législation pour saisir les tribunaux britanniques en accusant de crimes de guerre des dirigeants politiques ou militaires israéliens.

Israël a déjà rencontré des problèmes similaires avec les lois de compétence universelle adoptées notamment par la Belgique et l'Espagne.

En 2001, une plainte déposée en Belgique contre le premier ministre israélien de l'époque Ariel Sharon pour les massacres des camps de Sabra et Chatila, au Liban en 1982, avait tourné à l'incident diplomatique. Bruxelles a ensuite restreint la portée de sa loi qui exige désormais un critère de «rattachement», à savoir l'implication directe d'un citoyen belge.

En janvier 2009, une plainte en Espagne contre de hauts responsables militaires israéliens pour un bombardement meurtrier à Gaza en 2002 avait suscité la colère d'Israël. Elle avait été classée sans suite en juin 2009, date à laquelle le Parlement espagnol avait nettement limité le principe de juridiction universelle permettant aux juges espagnols d'enquêter sur les crimes de masse commis dans le monde.