Deux Arabes israéliens qui étaient à bord de la flottille d'aide humanitaire pour Gaza le 31 mai témoignaient lundi devant la commission israélienne chargée d'examiner les aspects juridiques de l'assaut meurtrier, les premiers récits de passagers devant cette instance.

Les deux hommes, Mohammad Zidane et cheikh Hamad Abou Daabis, qui se trouvaient à bord du Mavi Marmara, le «navire amiral» turc de la flottille, ont commencé à déposer dans l'après-midi, après ne pas s'être rendus à une convocation initiale le 13 octobre pour protester contre la partialité selon eux de cette commission.

Le mandat de la commission présidée par le juge de la Cour suprême à la retraite Yaakov Tirkel, qui compte deux observateurs internationaux, se limite aux aspects juridiques de l'assaut au regard du droit international.

Depuis sa formation en juillet, elle a entendu le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Ehud Barak et le chef d'état-major, le général Gaby Ashkenazi, mais aucun soldat ou officier ayant participé à l'opération n'a été autorisé à comparaître.

La commission a invité à se présenter devant elle dans un communiqué publié lundi «tout passager qui se trouvait à bord du Mavi Marmara durant la nuit du 31 mai et qui dispose d'informations susceptibles d'aider le travail de la commission dans le cadre du mandat qu'elle a reçu du gouvernement».

Elle avait déjà lancé en vain un appel similaire au capitaine du Mavi Marmara, puis à l'ensemble des passagers turcs du navire, où neuf Turcs ont été tués par balles par les commandos israéliens.

«La commission Tirkel m'a invité au début des auditions mais j'ai refusé et expliqué mes raisons dans une lettre», avait indiqué dimanche à l'AFP Mohammad Zidane.

«J'ai expliqué que je ne voulais pas coopérer avec cette commission parce qu'elle a été désignée par le gouvernement, qui est impliqué» dans le litige, a-t-il ajouté, précisant s'être ravisé après avoir été informé par les autorités que sa présence était obligatoire.

Avant ces deux premiers témoins, la commission a recueilli lundi matin le témoignage de la chef de l'opposition Tzipi Livni, dirigeante du parti Kadima (centre) qui a défendu l'assaut israélien controversé contre la flottille qui tentait de briser le blocus maritime de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste Hamas.

Elle a néanmoins imputé le vaste soutien international à la flottille au «vide politique» dans le processus de paix avec les Palestiniens, selon le site d'information israélien Ynet.

Selon la version des autorités israéliennes, les soldats ont fait usage de leurs armes après avoir été attaqués notamment à coups de couteau par des militants pro-palestiniens à bord du Mavi Marmara.

Les passagers, de leur côté, affirment que les militaires ont ouvert le feu dès le début de l'assaut.

La commission Tirkel, qui rendra ses conclusions provisoires dans les prochaines semaines, soumettra les résultats de ses travaux, ainsi que ceux d'une commission d'enquête militaire interne israélienne, à un groupe d'experts des Nations unies désignés par le secrétaire général de l'organisation Ban Ki-moon.

Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a pour sa part avalisé en septembre un rapport d'experts concluant à l'existence de «preuves» pour «appuyer des poursuites» contre Israël pour «homicide intentionnel, torture ou traitements inhumains, le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou des blessures graves» lors de cet abordage.