Le président afghan Hamid Karzaï a ordonné samedi à son gouvernement d'établir la liste des sociétés privées de sécurité opérant en Afghanistan, première étape du processus menant à leur interdiction totale.

«Le président d'Afghanistan a chargé samedi le ministère de l'Intérieur de commencer formellement le processus de dissolution des sociétés privées de sécurité», indique la présidence afghane dans un communiqué.

Le ministère de l'Intérieur et les services secrets afghans (NDS) doivent présenter d'ici sept jours une liste des sociétés, là où elles opèrent, leurs missions et les noms de leurs employés.

Les dossiers des sociétés non enregistrées et travaillant illégalement seront traités en priorité.

Le président Karzaï a signé mercredi un décret interdisant à ces sociétés de travailler en Afghanistan d'ici la fin de l'année.

Il leur reproche notamment d'embaucher des Afghans qui pourraient plutôt servir dans les rangs de l'armée et de la police afghane, et de consommer une trop grande part de l'aide internationale.

52 sociétés, afghanes et internationales, sont enregistrées en Afghanistan, un secteur florissant qui emploie officiellement 26 000 personnes, mais pourrait faire travailler 40 000 personnes.

Ces sociétés étrangères ou afghanes travaillent avec les forces internationales, le Pentagone, la représentation de l'ONU, les ambassades, les entreprises chargées de gérer les milliards de dollars d'aide internationale, les ONG et les médias occidentaux. Elles assurent notamment la sécurité des convois ou des chantiers de construction dans le pays.

Le Pentagone, un des plus importants clients de ces sociétés, s'est implicitement prononcé lundi pour un retrait plus échelonné que celui prévu par M. Karzaï. Des responsables craignent que les entreprises ou les ONG quittent l'Afghanistan si elles ne peuvent plus recourir à ces sociétés pour se protéger.

Interrogé samedi, le porte-parole des forces internationales, le général Josef Blotz, a indiqué à l'AFP que l'Otan «soutenait» l'objectif de dissolution du président Karzaï mais que son «application» devait tenir compte de l'état de préparation des forces afghanes de sécurité.

Celles-ci doivent prendre le relais des forces internationales pour assurer seules la sécurité du pays d'ici 2014.

«Nous analysons le décret du président Karzaï et en parlerons» avec les autorités afghanes, a ajouté le général Blotz.