Le Sénat américain a approuvé à l'unanimité mercredi la nomination du général David Petraeus à la tête de la coalition internationale en Afghanistan, ce dernier ayant averti qu'il fallait encore s'attendre à «de rudes combats» dans les prochains mois.

Le général Petraeus, ancien responsable des forces américaines en Irak où sa stratégie avait été couronnée de succès, a été auditionné mardi par la commission de la Défense du Sénat, qui a confirmé mercredi sa nomination à l'unanimité.

Le général a obtenu 99 voix sur 100. La seule voix qui manquait est celle du sénateur démocrate Robert Byrd décédé lundi.

David Petraeus va remplacer le général Stanley McChrystal, qui a été limogé la semaine dernière par le président Barack Obama après la publication dans la presse d'un article où il se moquait d'une bonne partie de l'exécutif américain.

Devant la commission mardi, le général Petraeus a cherché à rassurer sur le cours d'une guerre de plus en plus impopulaire, tout en admettant s'attendre encore à «de rudes combats» dans les prochains mois.

«Nous observons des progrès dans certains domaines au beau milieu du difficile combat en cours en Afghanistan», a déclaré le général.

Il a également promis aux troupes de l'OTAN de revoir l'application des règles restreignant le recours au soutien aérien pour protéger les civils, mais qui s'avèrent risquées pour les soldats, qui ont essuyé en juin leurs pertes les plus lourdes depuis le début du conflit avec cent tués en moins d'un mois.

Le général Petraeus a par ailleurs endossé la date du début du retrait des troupes américaines en juillet 2011 décidée par le président Obama, tout en rappelant qu'il faudrait «un certain nombre d'années avant que les forces afghanes puissent prendre en main la sécurité de l'Afghanistan».

«L'engagement en Afghanistan sera donc durable», a-t-il prévenu.

Les principales inquiétudes soulevées dans les rangs des sénateurs ces derniers jours venaient surtout de ce dernier point.

Le sénateur républicain John McCain, rival malheureux de Barack Obama à la présidentielle de 2008, a encore répété mercredi devant le Sénat que la date de juillet 2011 était «non seulement dommageable, mais elle semble de plus en plus irréaliste». Il a toutefois assuré que le général avait «son entier soutien».

Le sénateur démocrate anti-guerre Russ Feingold a critiqué de son côté la stratégie actuelle du président Obama en la qualifiant de «contre-productive». À l'inverse de M. McCain, il a appelé à un véritable calendrier de retrait des troupes américaines, «pas seulement une date de départ».

Le ministre britannique de la Défense Liam Fox, qui s'exprimait mercredi devant l'organisation conservatrice Heritage Foundation à Washington, a qualifié pour sa part le général Petraeus de «chef doué». Londres est un partenaire crucial des États-Unis en Afghanistan.

David Petraeus a aussi affirmé mardi qu'il chercherait à obtenir en Afghanistan une «unité d'efforts» entre civils et militaires, en rappelant avoir collaboré «très étroitement» avec l'ambassadeur en Irak lorsqu'il y dirigeait les forces américaines.

L'ambassadeur américain en Afghanistan Karl Eikenberry et le général Stanley McChrystal étaient en désaccord l'an dernier sur l'envoi de renforts finalement autorisé par Barack Obama.

  Le chef de l'état major pakistanais s'est félicité mercredi de la nomination de David Petraeus. Le général Ashfaq Parvez Kayani a déclaré qu'il pensait que «l'expérience et les compétences (du général Petraeus) dans des conditions semblables seraient appréciables dans une situation complexe».