Le Brésil et la Turquie ont écrit mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU pour demander aux 15 pays membres de ne pas adopter de nouvelles sanctions contre l'Iran en raison de son programme nucléaire, a annoncé le ministère brésilien des Affaires étrangères.

«Le Brésil et la Turquie sont convaincus qu'il est temps de donner une chance aux négociations et d'éviter des mesures nuisibles à la résolution pacifique de ce problème», déclarent le chef de la diplomatie brésilienne Celso Amorim et son homologue turc Ahmet Davutoglu, dans cette lettre rédigée en anglais et distribuée aux journalistes en poste au Brésil.

Ce document est accompagné de la déclaration conjointe signée lundi à Téhéran par le Brésil, la Turquie et l'Iran, document qui prévoit un échange d'uranium irano-turc afin d'écarter la menace de nouvelles sanctions contre la République islamique, brandie par les États-Unis et ses alliés occidentaux.

Le Brésil et la Turquie sont membres temporaires du Conseil de sécurité.

De son côté, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a mis en garde mercredi à Madrid contre un «retour en arrière» dans le dossier nucléaire iranien si le Conseil de sécurité de l'ONU ne manifestait pas son «intention» de négocier la proposition Iran-Turquie-Brésil.

«Il appartient à présent au Conseil de sécurité de l'ONU de s'asseoir autour d'une table avec l'intention de négocier, parce que s'il se réunit sans vouloir négocier, tout va revenir en arrière», a estimé le président Lula au cours d'une conférence de presse préalable à la diffusion de la lettre des ministres.

Ce document a été envoyé au Conseil de sécurité au lendemain de la menace d'un renforcement des sanctions de l'ONU à l'initiative des États-Unis et avec le soutien de la Chine et la Russie, selon Washington.

«Nous avons pleine confiance en ce que le P5 plus 1 reverra la déclaration conjointe dans le but de faciliter le chemin pour alimenter le TRR (le réacteur nucléaire de recherches pour lequel l'Iran a besoin d'uranium enrichi) de la façon la plus efficace (..) à travers un dialogue constructif», soulignent les ministres turc et brésilien.

Le P5 plus 1 est le groupe des pays mandatés par le Conseil de sécurité pour traiter la question nucléaire iranienne. Il est composé des États-Unis, de la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et la France, qui ont droit de veto au sein de ce conseil, plus l'Allemagne.

Le Brésil s'oppose depuis le début à de nouvelles sanctions contre Téhéran et le tiède accueil réservé par les grandes puissances à l'accord Brésil-Turquie-Iran n'a fait que renforcer sa position.

«Quel était le gros problème de l'Iran? Que personne ne parvenait à les persuader de négocier. La seule chose que nous voulions était de convaincre l'Iran qu'il devait assumer son engagement envers l'Agence (internationale de l'énergie atomique, AIEA), qu'il devrait négocier et déposer son uranium en Turquie: et c'est ce qui a été conclu», a fait valoir le président Lula mercredi à Madrid.