Le gouvernement irakien s'est montré réticent samedi devant la proposition du chef radical chiite Moqtada Sadr de faire entrer ses partisans dans la police et l'armée irakiennes pour constituer des brigades de protection des mosquées et des lieux publics.

«Je ne pense pas que nous manquons d'hommes dans les forces de sécurité, ce qui fait encore défaut, c'est le renseignement», a déclaré à l'AFP Ali al-Moussawi, conseiller pour les médias du premier ministre sortant Nouri al-Maliki.

«Nous ne considérons pas que la sécurité a atteint son niveau maximal. Il y a bien sûr encore des négligences, mais cela peut être résolu grâce au soutien de tous et (non) par certaines déclarations de politiciens qui font du tort aux forces de sécurité», a-t-il dit

Dans un communiqué écrit vendredi après les attentats anti-chiites qui ont fait au moins 52 morts à Bagdad, Moqtada Sadr déclare «être prêt à fournir des centaines de croyants pour former des brigades officielles dans la police et l'armée afin de défendre les mausolées, les mosquées, les fidèles, les marchés, les maisons et les gens».

«Ceci éviterait de faire appel (aux forces) de l'occupation pour protéger les gens et les Irakiens pourront ainsi vivre pacifiquement. Le gouvernement est libre de refuser mais nous sommes toujours prêts à aider», ajoute le dirigeant chiite qui vit en Iran.

Les attentats de vendredi ont été les plus meurtriers depuis les élections générales du 7 mars. La proposition de Moqtada Sadr intervient alors que le pays n'a toujours pas de gouvernement. Une situation qui risque de durer encore plusieurs semaines en raison du recomptage manuel des bulletins de vote dans la province de Bagdad.

Selon le porte-parole du mouvement dans la ville sainte de Najaf, Salah al-Obeidi, Moqtada Sadr a lancé son appel car «nous croyons que les forces de sécurité sont insuffisantes et infiltrées» par des partisans de l'ancien régime de Saddam Hussein.

«C'est pourquoi nous proposons de mettre à leur disposition des membres de notre courant pour assurer la sécurité», a-t-il encore dit.

L'armée et la police comptent environ 550 000 hommes. Fin août 2008, Moqtada Sadr avait annoncé un arrêt définitif des opérations de sa milice, l'Armée du Mahdi.

Créée en 2003, l'Armée du Mahdi était considérée comme la plus puissante des milices irakiennes avec 60 000 hommes. En 2004, de violents combats l'avaient opposée aux troupes américaines à Najaf et au printemps 2008, elle avait été défaite par l'armée irakienne, soutenue par les troupes américaines, à Bassorah et à Sadr City, un fief sadriste à Bagdad