Le Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi a reproché dimanche aux pays occidentaux de «ne pas conformer» leurs paroles à leurs actes en matière de sanctions, et d'accorder bien plus facilement des visas aux délégations officielles iraniennes qu'aux étudiants iraniens.

Interrogée sur le thème des sanctions dans le cadre de l'émission «Internationales» de TV5Monde, RFI et Le Monde, Mme Ebadi qui vit en exil à Londres, a suggéré des «sanctions politiques» et non des sanctions économiques qui nuiraient au peuple iranien.

Les sanctions devraient prévoir notamment, selon elle, que les ambassadeurs iraniens soient remplacés par leurs chargés d'affaires, et que les visas «soient refusés dans les pays occidentaux aux figures au pouvoir impliquées dans la répression actuelle».

Elle rappelle que récemment «le gouvernement iranien a envoyé un orchestre de 140 musiciens pour porter son « message de paix et de réconciliation» dans les pays occidentaux. «Vous leur avez donné des visas, ils ont soulevé des protestations dans le peuple iranien; des délégations iraniennes obtiennent des visas sans aucun problème, bien plus facilement que nos étudiants», a-t-elle déploré.

Shirin Ebadi a aussi mentionné une prochaine visite en Allemagne d'un responsable iranien «pour signer encore de nouveaux contrats». «Donc les paroles occidentales ne sont pas conformes aux actes», a-t-elle observé.

Quant aux sanctions «qui ciblent les pasdaran (gardiens de la Révolution), ndlr, nous les approuvons», a-t-elle dit.

Interrogée sur ce qu'elle pensait d'un changement de Constitution impliquant un changement de régime en Iran, Mme Ebadi a appelé à «se poser la question du coût pour le peuple iranien». «On peut certes considérer que ce serait un moyen d'accéder à une démocratie plus avancée, mais cela nécessiterait des conflits considérables et beaucoup de sang versé».

«Si nous avons comme objectif la stabilité pour le peuple iranien, nous devons procéder par étapes, et commencer par proposer une démocratie qui s'inscrive dans le cadre de la Constitution actuelle. J'ai gardé l'ambition d'une étape supplémentaire quand le climat se sera pacifié et qu'on pourra procéder à un référendum», a-t-elle recommandé.