Menacé d'inculpation pour corruption, le ministre israélien des Affaires étrangères, le très controversé Avigdor Lieberman, a contre-attaqué en portant plainte mercredi contre la police qu'il accuse d'avoir organisé des fuites de presse le compromettant.

«J'ai porté plainte devant la Cour suprême contre des fuites de presse systématiques et orientées de la police concernant l'enquête», a dit aux journalistes M. Lieberman. Cette plainte vise en particulier 13 officiers de police du département des enquêtes criminelles qui ont accès au dossier.

Il a ajouté avoir adressé une lettre au conseiller juridique du gouvernement, Yéhouda Weinstein, également procureur général de l'État, pour le presser d'enquêter sur «les fuites de presse, grossières et délibérément biaisées» orchestrées selon lui par le chef de la police, Dudi Cohen.

Mardi, M. Lieberman, un politicien d'extrême droite, a été interrogé par la police sur une tentative d'entrave à la justice dans le cadre de l'enquête pour corruption le visant.

«Il n'y a pas eu de fuites de presse. Nous avons publié un communiqué sur l'interrogatoire de M. Lieberman, car il s'agit d'une enquête très sérieuse», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld.

Selon les médias israéliens, l'ex-ambassadeur d'Israël au Bélarus, Zeev Ben-Arieh, a transmis à M. Lieberman, en visite à Minsk en octobre 2008, la photocopie d'un document secret relatif à l'enquête. Le ministère israélien de la Justice y demandait l'aide de son homologue du Bélarus pour vérifier des comptes bancaires dans ce pays et interroger diverses personnalités.

M. Ben-Arieh aurait normalement dû remettre le document scellé aux autorités de Minsk. M. Lieberman a donc été informé par avance des questions que la police allait lui poser durant l'interrogatoire.

Toujours selon les médias, M. Ben-Arieh a reconnu les faits au cours d'interrogatoires policiers. Il est passible de 15 ans de prison.

Après avoir accédé en 2009 au poste de ministre des Affaires étrangères, M. Lieberman avait nommé M. Ben-Arieh conseiller politique à ce même ministère.

En août 2009, au terme d'une enquête de plus de dix ans, la police a recommandé au procureur général de l'État de l'époque, Menahem Mazouz, d'engager des poursuites contre M. Lieberman pour corruption et blanchiment d'argent.

Les médias locaux affirment que des millions de dollars ont été versés de l'étranger à M. Lieberman via des sociétés écran et comptes bancaires pour financer ses campagnes électorales.

Dans un éditorial au vitriol, le Yediot Aharonot, le quotidien israélien le plus lu, exhorte le ministre des Affaires étrangères à partir: «Ca suffit, partez, faites ce que vous voulez, mais partez !»

M. Lieberman plaide l'innocence et se dit «harcelé» depuis plus de dix ans par la police. Il s'est toutefois engagé à démissionner s'il est inculpé pour corruption.

Selon le nouveau procureur de l'État, Moshé Lador, une décision doit être prise «très bientôt, probablement dans les semaines à venir» par M. Weinstein, nommé à ses fonctions en décembre 2009.

M. Lieberman dirige le parti ultranationaliste Israël Beiteinou, troisième en importance à la Knesset avec 15 députés sur un total de 120. Sa formation est le principal pilier de la coalition gouvernementale du premier ministre de droite Benjamin Netanyahu.