L'Iran ne suspendra pas sa production d'uranium enrichi à 20% en échange de radio-isotopes à usage médical comme proposé par trois grandes puissances à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a déclaré mercredi le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes.

«Il n'est pas du tout rationnel de dire que l'Iran ne doit pas produire (des isotopes et de l'uranium), qu'il devrait arrêter son usine (d'enrichissement), et qu'ils vont lui fournir le médicament nécessaire», a dit Ramin Mehmanparast à l'agence de presse Isna.

«Nous n'examinerons pas d'offres qui mèneraient à la fermeture du réacteur de Téhéran», a-t-il dit.

L'Iran a lancé le 9 février le processus d'enrichissement d'uranium à 20% pour le réacteur de recherche de Téhéran produisant des radio-isotopes médicaux, malgré les protestations des puissances occidentales qui ont brandi la menace de nouvelles sanctions.

La France, les États-Unis et la Russie se sont dits «inquiets» des intentions nucléaires de l'Iran après le lancement de l'enrichissement de son uranium à 20%, ont indiqué leurs ambassadeurs auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans une lettre à son directeur général, Yukiya Amano.

«Si l'Iran poursuit cette escalade, cela soulèvera des inquiétudes sur ses intentions nucléaires», ont averti les trois ambassadeurs dans leur lettre, datée du 12 février dont l'AFP a obtenu une copie mardi.

Dans leur lettre, transmise par l'AIEA à l'Iran, les diplomates mettent en doute la capacité de Téhéran à maîtriser la transformation de l'uranium à 20% en combustible, estimant que «l'Iran ne peut pas produire à temps le combustible nucléaire nécessaire afin d'assurer une production ininterrompue d'isotopes médicaux par le réacteur de recherche de Téhéran».

«Si l'Iran ne veut pas accepter l'offre de l'AIEA, nous notons que (les radio-isotopes) sont disponibles sur le marché mondial», ont-ils ajouté.

Ils ont «regretté» que l'Iran n'ait pas accepté l'offre faite le 21 octobre par l'AIEA d'enrichir à 20% l'uranium iranien en-dehors du territoire iranien, par exemple en Russie, avant de le transformer ensuite en France en combustible.

Les Occidentaux craignent que Téhéran ne veuille fabriquer l'arme atomique sous le couvert de son programme nucléaire civil, malgré les dénégations de l'Iran.

Le porte-parole iranien avait déjà déclaré le 10 février que son pays rejetait l'offre de Washington de fournir à l'Iran des isotopes médicaux plutôt que de voir Téhéran produire de l'uranium hautement enrichi pour en fabriquer.

Les isotopes médicaux sont utilisés dans la détection des cancers.

Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a affirmé mardi que «le dossier d'un échange de combustible n'est pas encore clos», répétant que son pays était disposé à échanger l'uranium contre du combustible mais aux conditions iraniennes.