Le Grand ayatollah Hossein-Ali Montazeri, ancien dauphin de l'imam Khomeiny devenu très critique à l'égard du régime islamique depuis sa disgrâce en 1989, est décédé samedi à Qom à l'âge de 87 ans.

M. Montazeri est décédé des suites de maladie, selon les médias iraniens. «Il était diabétique et prenait de l'insuline depuis des années. Il avait également de l'asthme et des problèmes pulmonaires», a indiqué l'un de ses médecins à la télévision d'Etat.

Ses funérailles seront célébrées lundi à Qom, a indiqué son entourage à l'AFP. Selon la même source, il devrait être inhumé dans le mausolée de Masoumeh, soeur de l'imam Reza - 8eme imam de l'islam chiite - vénérée par les chiites iraniens.

A l'annonce de sa mort, des étudiants se sont rassemblés à l'université de Téhéran pour réciter des versets du Coran à sa mémoire, selon le site de l'opposition Rahesabz.

«Des milliers de personnes venant d'Ispahan, de Najafabad (d'où était originaire l'ayatollah Montazeri, ndlr) ou de Shiraz ont pris la route de Qom pour assister à ses funérailles», a affirmé le site internet de la minorité d'opposition parlementaire, Parlemannews.ir.

Théologien et juriste respecté, l'ayatollah Montazeri a été l'un des théoriciens de la révolution islamique de 1979, et l'un des artisans de la constitution de la République islamique.

Proche de l'imam Khomeiny dont il avait été l'élève, il sera son dauphin officiel pendant plusieurs années, avant que ses dénonciations répétées des excès du régime n'aboutissent à son éviction en 1989, et à un exil forcé à Qom, la ville sainte du centre de l'Iran où il enseignait la théologie et passera de longues années en liberté étroitement surveillée.

Sa liberté de ton, son engagement pour la défense des libertés et ses critiques du pouvoir, à commencer par celles visant le successeur de Khomeiny, le Guide de la République islamique Ali Khamenei, avaient fait de lui une figure emblématique de l'opposition réformiste au sein du régime.

Au cours des dernières années, il s'était montré très critique à l'égard du gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad. Il avait émis des réserves sur la réélection contestée de M. Ahmadinejad en juin dernier, et dénoncé à plusieurs reprises la répression des manifestations qui avaient suivi.

Dans sa dernière prise de position publique le 16 décembre, il dénonçait sur son site internet «la mort de gens innocents», «l'arrestation de militants politiques réclamant la liberté» et les «procès-spectacle illégaux» d'opposants au pouvoir.

Son fils, l'hodjatoleslam Ahmad Montazeri, a dans un communiqué publié dimanche, exprimé ses «condoléances (...) à tous ceux qui recherchent la liberté et la justice, à ceux qui se battent pour Dieu partout dans le monde (...) et particulièrement à ses étudiants».

La méfiance du régime à l'égard de cette figure dissidente de la révolution islamique transparaissait dimanche dans les médias officiels ou semi-officiels qui ont annoncé sa mort: aucun ne lui a donné son titre de grand ayatollah, certains l'appelant même ostensiblement «monsieur» Montazeri.

L'agence officielle IRNA a souligné que l'ayatollah Montazeri était «une figure religieuse active pour les émeutiers» (ndlr: les opposants ayant manifesté contre la réélection du président Ahmadinejad), critiquant «ses déclarations sans fondements saluées par les médias contre-révolutionnaires».

Les autorités ont fait savoir aux médias étrangers qu'ils n'étaient pas autorisés à se rendre à Qom lundi pour les funérailles de l'ayatollah dissident.