Les Occidentaux ont accentué la pression sur l'Iran jeudi en le menaçant d'engager début 2010 un nouveau processus de sanctions au Conseil de sécurité de l'ONU, s'il continue de violer ses obligations internationales.

«L'heure tourne. Nous lançons un dernier appel à l'Iran pour qu'il réponde aux offres de la communauté internationale», a déclaré à la presse l'ambassadeur de France, Gérard Araud.

S'il n'y a pas de réponse satisfaisante, «la France proposera une nouvelle résolution de sanctions» à l'égard de l'Iran, a-t-il ajouté.

Affirmant lui aussi que «le temps presse», son collègue britannique, Mark Lyall Grant, a indiqué que les six puissances chargées du dossier nucléaire iranien (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) feraient le point de la situation avant la fin de l'année.

«S'il n'y a pas une nouvelle approche de la part de l'Iran, ni une indication claire de sa volonté de négocier, le Conseil de sécurité devra envisager de nouvelles sanctions au début de l'année», a ajouté M. Lyall Grant.

Le groupe des six «est toujours à 100% favorable à une solution diplomatique mais sa patience commence à s'épuiser», a-t-il averti.

L'ambassadrice américaine, Susan Rice, a déclaré que la communauté internationale «devra envisager de nouvelles actions» si l'Iran continue à ne pas respecter ses obligations.

De son côté, la mission iranienne à l'ONU a rappelé dans un communiqué diffusé jeudi soir que les activités nucléaires du pays «sont et ont toujours été destinées à des fins pacifiques, et ne posent donc aucune menace à la sécurité des autres pays».

Les trois diplomates occidentaux venaient d'entendre un rapport du président du Comité du Conseil de sécurité chargé du suivi des résolutions sanctionnant l'Iran pour ses activités nucléaires sensibles, l'ambassadeur du Japon Yukio Takasu, accusant Téhéran de violations graves et répétées de ces résolutions.

«Le comité relève avec préoccupation des violations systématiques sous la forme d'exportations illégales d'armes par l'Iran», a notamment dit M. Takasu. Il a rappelé les récents arraisonnements par des pays tiers, dont Israël, de deux navires transportant des armes en provenance d'Iran et destinées à un autre Etat.

Les résolutions 1737, 1747 et 1803 du Conseil de sécurité, qui sanctionnent l'Iran pour son refus de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium, comportent un embargo sur ses exportations d'armes.

«Il y a un sentiment général au sein du Conseil de sécurité, à la lecture du rapport du Comité, que l'Iran est en violation délibérée, organisée des résolutions du Conseil» et qu'il y a «un véritable flot d'armes qui provient de l'Iran en direction de zones fragiles, de zones de conflit», a déclaré M. Araud.

Il a rappelé que les efforts des «Six» pour amener l'Iran à abandonner son programme d'enrichissement d'uranium avaient jusqu'ici échoué.

«Nous devons agir», a-t-il ajouté, tout en soulignant la nécessité d'en discuter au préalable entre les quinze membres du Conseil.

Mais les ambassadeurs chinois et russe ont tous deux pris une position plus modérée.

«Il y a encore de la place pour l'effort diplomatique (...). Cela peut exiger plus de temps et de patience de la part de tous,» a dit le Chinois Zhang Yesui.

Son homologue russe, Vitaly Tchourkine, a également appelé à la «patience» et à la «retenue».

Selon des diplomates occidentaux, la négociation des détails d'une éventuelle 4e résolution de sanctions contre Téhéran pourrait prendre plusieurs mois.