Des milliers de Palestiniens se sont rassemblés mercredi à Ramallah, en Cisjordanie pour le 5e anniversaire de la mort du leader historique Yasser Arafat au moment où l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas traverse une grave crise politique.

M. Abbas, le successeur d'Arafat, doit prendre la parole à cette occasion et son entourage laisse entendre depuis mardi qu'il pourrait démissionner, et provoquer ainsi l'effondrement de l'Autorité palestinienne. «Le moment de vérité est venu et nous devons être francs avec le peuple palestinien (et lui dire) que nous ne sommes pas parvenus à une solution à deux États (israélien et palestinien) après 18 ans de négociations», a déclaré à l'AFP le négociateur palestinien Saëb Erakat.

«Je pense que le président Abbas est arrivé au point où il faut dire qu'Israël ne veut pas de solution ou de processus de paix qui mènent à l'établissement d'un État palestinien indépendant», a-t-il estimé.

Le président Abbas a annoncé jeudi dernier qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat lors des élections générales palestiniennes, convoquées pour le 24 janvier, en raison du blocage du processus de paix suspendu depuis l'offensive israélienne contre la bande de Gaza (décembre 2008-janvier 2009).

Ce geste fort vise à faire pression sur les États-Unis afin qu'ils persuadent leur allié israélien de geler la colonisation en Cisjordanie occupée, comme le réclament les Palestiniens.

Israël n'offre qu'un gel partiel des implantations et réclame une reprise des discussions sans condition préalable.

M. Erakat a expliqué que ce refus avait convaincu les Palestiniens «qu'Israël ne veut pas d'État palestinien sur les terres occupées en 1967». Israël a occupé la Cisjordanie, Jérusalem-est et la bande de Gaza lors de la guerre des Six jours en juin 1967.

Pour autant, a prévenu M. Erakat, les Palestiniens ne sont pas prêts à reprendre les discussions à n'importe quel prix. Il faudra un «mouvement international sans précédent» visant à faire pression sur Israël, a-t-il estimé en parlant de «point de non-retour».

«L'Autorité palestinienne n'a pas été créée pour mettre en place une Autorité, mais comme une étape transitoire sur le chemin d'un État palestinien indépendant. (Elle) ne va pas durer éternellement», a averti M. Erakat.

Le cinquième anniversaire de la mort d'Arafat, symbole de la cause et de l'unité palestinienne, intervient au moment où les Palestiniens sont profondément divisés.

Le mouvement islamiste Hamas a évincé en juin 2007 par la force le Fatah, loyal à l'Autorité palestinienne, de la bande de Gaza, et le «dialogue de réconciliation» que les deux mouvements ont entamé sous l'égide du Caire est dans l'impasse.

Le Hamas a également annoncé qu'il interdisait la tenue des élections générales palestiniennes dans la bande de Gaza, menaçant ainsi de provoquer une scission totale avec la Cisjordanie.