L'Autorité palestinienne a fait savoir mercredi qu'elle entendait saisir le Conseil de sécurité des Nations unies et la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes de guerre supposés, commis lors de la dernière offensive israélienne dans la Bande de Gaza, qui a tué près de 1400 Palestiniens et 13 Israéliens.

L'observateur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, a appelé l'Assemblée générale à «absolument» adopter une résolution, issue du rapport Goldstone sur l'opération israélienne, enjoignant Israël et les Palestiniens à mener des enquêtes indépendantes sur les violations des droits de l'Homme présumées pendant le conflit à Gaza en décembre et janvier derniers.

Riyad Mansour a toutefois insisté sur le fait que «les agressions et les crimes» d'Israël ne pouvaient être comparés aux ôôactions menées par la partie palestinienne en réaction». Son discours a d'ailleurs reçu un accueil favorable à l'Assemblée mercredi.

«Nous sommes déterminés à suivre ce rapport et ses recommandations devant tous les forums internationaux pertinents, parmi lesquels le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale, jusqu'à ce que justice soit faite», a déclaré Riyad Mansour, ajoutant qu'ôôon ne peut parvenir à la paix sans justice».

L'ambassadrice israélienne à l'ONU Gabriela Shalev a, de son côté, déclaré que «le rapport Goldstone et ce débat n'agissent pas pour la paix» mais «nuisent aux efforts pour redonner vie aux négociations dans notre région».

Le rapport Goldstone -du nom du magistrat sud-africain Richard Goldstone qui l'a supervisé- accuse Israël et les Palestiniens d'avoir chacun commis des crimes de guerre lors de l'opération ôôPlomb durci». Il demande à Israël et aux Palestiniens de mener chacun des enquêtes crédibles et de traduire les éventuels coupables devant leurs tribunaux. En cas de refus, le rapport recommande que le Conseil de sécurité soit saisi et transfère le dossier à la CPI.

Cette hypothèse parait toutefois peu envisageable. Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont en effet déjà fait savoir que le rapport Goldstone n'avait pas vocation à être traité par le Conseil de sécurité de l'ONU mais par le Conseil des droits de l'Homme, à Genève. La Russie et la Chine ne veulent pas non plus que la question soit abordée au Conseil de sécurité, de source diplomatique. Or, ces trois pays disposent d'un droit de veto au Conseil de sécurité.

Concernant la CPI, le procureur ne peut ouvrir une enquête que si le crime s'est produit dans un Etat partie (ils sont 110 Etats membres) ou si l'accusé est un ressortissant d'un Etat partie et la CPI peut aussi être saisie directement par le conseil de sécurité. Mais le procureur peut également décider, de sa propre initiative, d'ouvrir une enquête s

L'Autorité palestinienne a reconnu la CPI en janvier et demandé au procureur de lancer une enquête pour crimes commis pendant le conflit à Gaza mais le bureau du procureur cherchent depuis à statuer sur la possibilité de le faire ou non, sachant qu'il n'existe pas d'Etat palestinien.

Gabriela Shalev a par ailleurs souligné que le rapport Goldstone avait «inversé la réalité, c'est-à-dire «les intenses efforts sans précédents» menés «par Israël pour sauver la vie des civils», efforts utilisés ensuite dans le rapport pour «montrer que toutes les victimes civiles l'ont été délibérément».

Selon elle, le rapport omet aussi de mentionner la «terreur» induite par les 12 000 roquettes et tirs de mortiers effectués depuis la bande de Gaza sur le sud d'Israël, ainsi que «la complexité des défis militaires» engendrés par «la guerre contre des terroristes en zone urbaine».

Elle critique en outre le fait que le rapport rejette l'indépendance même du système judiciaire israélien, sa capacité à mener ses propres enquêtes sur les exactions menées par ses forces armées, ainsi que son droit à se défendre.