Abdullah Abdullah, qui affrontera Hamid Karzaï lors du second tour de l'élection présidentielle afghane le 7 novembre, a affirmé dimanche que les États-Unis n'obtiendraient pas d'avancées sans partenaire «légitime» dans le pays, dénonçant le bilan du président sortant.

«Tout succès de la stratégie américaine en Afghanistan dépendra de la qualité de votre partenaire, de la légitimité de votre partenaire», a dit l'ancien ministre des Affaires étrangères dans un entretien à la chaîne américaine CNN, dénonçant les «échecs de l'administration actuelle en Afghanistan».

«J'espère que ce second tour ... quel que soit le moment auquel il aura lieu, fournira aux États-Unis et à la communauté internationale un tel partenaire», a-t-il ajouté.

«Il n'y a pas de doute sur le fait que le partenariat n'a pas très bien fonctionné au cours des derniers mois ou années», a poursuivi M. Abdullah, précisant que sans changement au plus haut niveau, il «n'imagine pas de succès stratégique en Afghanistan».

Selon lui, des renforts sont nécessaires pour stabiliser le pays. Mais après huit ans de guerre, dit-il, l'Afghanistan aurait dû se trouver dans la position de demander moins de troupes, pas plus.

«Nous n'en sommes pas là. Pourquoi? À cause des échecs de l'administration actuelle en Afghanistan», a-t-il martelé.

Abdullah Abdullah a officiellement rassemblé 30,59% des suffrages lors du scrutin du 20 août. M. Karzaï a donné son accord à l'organisation d'un second tour après l'invalidation de plus d'un million de bulletins jugés frauduleux, ce qui l'a ramené sous la barre des 50% de voix.

Ce second tour intervient alors que le président américain Barack Obama étudie la demande du commandant américain en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, portant sur au moins 40 000 soldats supplémentaires afin de mieux combattre l'insurrection dans le pays.

M. Abdullah a affirmé que le président américain avait raison de prendre son temps et «d'étudier la situation à une période cruciale».

«Le critère de départ doit être de savoir, alors qu'il nous faut plus de soldats à ce stade, comment faire pour en réduire le nombre en fin de compte et que les Afghans finissent pas assumer la responsabilité de leur propre sécurité», a-t-il dit.

«Est-ce que cela va se produire? Quelle est la feuille de route? Quelles sont les règles?», s'est-il interrogé, réaffirmant qu'il ne voyait «pas d'avenir pour la stratégie» sous le gouvernement actuel.

Malgré tout, a assuré M. Abdullah, «si M. Karzaï est élu dans la cadre d'un processus transparent et crédible, je serais le premier à le féliciter et à lui souhaiter bonne chance dans ce pays, en étant dans l'opposition».