La Maison-Blanche a condamné vendredi les fraudes qui ont pu entacher le scrutin présidentiel afghan, peu après qu'un responsable a révélé qu'une réunion entre l'émissaire américain pour la région et le président Karzaï a donné lieu à un échange «musclé».

«Nous condamnons tout acte de fraude. Il est important que l'issue des élections reflète la volonté du peuple afghan», a affirmé Michael Hammer, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) qui dépend du président Barack Obama. «Nous continuerons de soutenir les autorités afghanes dans leur application de mesures anti-fraudes qui doivent permettre de préserver l'intégrité du processus électoral et assurer que les résultats des élections sont crédibles», a ajouté M. Hammer.

Dès le lendemain du scrutin du 20 août au cours duquel 17 millions d'Afghans devaient désigner leur président et leurs conseillers provinciaux, Abdullah Abdullah, le principal adversaire du président sortant Hamid Karzaï avait accusé l'État afghan d'avoir orchestré une fraude massive destinée à favoriser M. Karzaï.

Jusqu'à maintenant, 790 plaintes pour irrégularité ont été déposées auprès des autorités afghanes.

Richard Holbrooke, l'émissaire spécial de Washington pour l'Afghanistan et le Pakistan, a voulu en savoir plus sur ces allégations de la bouche-même de M. Karzaï.

Selon un responsable américain qui a dialogué avec l'AFP sous couvert d'anonymat jeudi, l'échange entre les deux hommes aurait eu lieu le lendemain du vote à Kaboul et aurait été «musclé».

Une source diplomatique européenne indique de son côté que Richard Holbrooke plaiderait pour la tenue d'un deuxième tour afin de montrer au président sortant que son pouvoir n'est pas sans limite.

Vendredi, le Conseil de sécurité nationale de M. Obama n'a souhaité faire aucun commentaire sur l'échange qui aurait eu lieu entre MM. Karzaï et Holbrooke.

Mais plusieurs analystes interrogés par l'AFP estiment qu'en dévoilant la nature peu cordiale de la réunion, l'administration de M. Obama ne fait que confirmer ses craintes que les accusations de fraude et la faible participation des électeurs afghans au scrutin ne mettent à mal la crédibilité des élections.

Ainsi, Washington se trouve pris dans un cercle vicieux: en ne mettant ne serait-ce que légèrement en doute la légitimité de l'élection, le gouvernement Obama peinerait à capter le soutien des Américains au conflit, alors que les mois de juillet et août se sont révélés être les plus meurtriers pour les troupes américaines depuis le début de la guerre en 2001.

Jusqu'à maintenant, le président américain en est resté à une seule et unique déclaration sur le scrutin. Quelques heures avant de partir en vacances vendredi dernier, Barack Obama avait qualifié l'élection d'«important pas en avant dans les efforts du peuple afghan pour prendre son avenir en main».

Les résultats de l'élection présidentielle tombent au compte-gouttes et donnent pour le moment une avance à Hamid Karzaï.