Au moins 95 personnes ont été tuées et 563 blessées mercredi dans deux attentats contre les ministères des Affaires étrangères et des Finances à Bagdad, un défi de l'insurrection contre le gouvernement qui se targue d'avoir rétabli la sécurité dans la capitale.

Il s'agit de la journée la plus meurtrière à Bagdad depuis le 1er février 2008 où 98 personnes avaient été fauchées par un attentat dans un marché. Après le double attentat attribué par les autorités aux nostalgiques de l'ex-président Saddam Hussein et aux extrémistes d'Al-Qaeda, le premier ministre Nouri al-Maliki a appelé à réviser les mesures de sécurité.

«Les opérations criminelles d'aujourd'hui appellent sans aucun doute à une réévaluation de nos plans et des moyens sécuritaires pour affronter les défis terroristes», a-t-il dit dans un communiqué.

Dans les deux attaques «95 personnes sont mortes et 563 ont été blessées», selon un responsable du ministère de l'Intérieur.

Un camion a explosé à une heure de grande affluence en face du ministère des Affaires étrangères dans le centre de Bagdad, à quelques dizaines de mètres de la Zone verte qui abrite le siège du gouvernement irakien et l'ambassade des États-Unis.

Un journaliste de l'AFP a vu plusieurs corps carbonisés enchevêtrés dans leurs voitures.

Le chef de la diplomatie Hoshyar Zebari a déploré 32 morts et 64 blessés au sein de son ministère, outre les autres victimes.

«C'est une attaque délibérée pour empêcher le retour à la vie normale», a-t-il dit à l'AFP. «Il y a eu de sérieux manquements à la sécurité et le mode opératoire est celui d'Al-Qaeda».

Peu auparavant, «un kamikaze a fait sauter son camion frigorifique avec 1,5 tonne d'explosifs à proximité du ministère des Finances», dans le centre de Bagdad, selon le ministère.

Le camion circulait sur une voie rapide et un tronçon de 30 mètres s'est effondré. Des voitures ont été précipitées dans le vide, selon un policier sur place.

Treize personnes à l'intérieur même du bâtiment ont péri et 270 ont été blessées, selon les sources de sécurité.

Les habitants ont manifesté leur colère face à l'incapacité du gouvernement à juguler la violence malgré ses promesses.

«Le gouvernement nous dit que la sécurité est revenue mais où est-elle? L'attentat s'est produit en face du ministère des Affaires étrangères au coeur de Bagdad», s'est emporté Hamid, 46 ans, qui habite en face.

Il y a deux semaines, pour montrer aux Irakiens le retour des beaux jours, M. Maliki avait donné 40 jours à l'armée et à la police pour retirer les murs de protection en béton qui obstruaient les rues de la capitale. Il n'y avait plus aucun mur anti-explosion devant ce ministère.

Le 30 juin, l'armée américaine s'est retirée des villes d'Irak dont Bagdad, en confiant le contrôle aux forces irakiennes.

«Nous ne connaissons pas les raisons de ces attaques. Nous ignorons si elles sont liées aux disputes entre les partis politiques ou si c'est l'oeuvre d'Al-Qaeda», se lamente Hussein Ali, un mécanicien de 35 ans, dont le magasin a été partiellement détruit dans l'attaque contre le ministère des Finances.

«Nous ignorons à qui profitent ces attaques mais nous savons que le perdant est le peuple irakien», ajoute-t-il.

Un autre camion rempli d'une tonne d'explosifs, garé dans le même quartier que celui des ministère des Affaires étrangères, a été repéré et les explosifs désamorcés, alors qu'une voiture piégée a explosé dans l'ouest de Bagdad et deux obus sont tombés dans la Zone verte et un troisième à l'extérieur.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit «attristé» par les attentats «consternants» de Bagdad, qualifiés de «brutaux» par l'Union européenne et condamnés par la Turquie.