Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a tenu mercredi pour son investiture un discours offensif envers les «oppresseurs», promettant des changements, tandis qu'à l'extérieur la police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de protestataires.

«L'épopée de l'élection présidentielle du 12 juin est le début de changements importants en Iran et dans le monde», a déclaré le président ultraconservateur à la cérémonie de prestation de serment boycottée par de nombreuses personnalités de l'opposition qui l'accuse de fraude.

«Nous résisterons face aux (pays) oppresseurs et nous continuerons d'agir pour changer les mécanismes discriminatoires dans le monde, au bénéfice de toutes les nations», a-t-il dit devant le Parlement à Téhéran.

La plupart des diplomates étrangers, notamment européens ont assisté à la cérémonie. Les ambassadeurs français, britannique et suédois, dont le pays préside d'Union européenne étaient notamment présents, a déclaré à l'AFP une source diplomatique.

Dans son discours, M. Ahmadinejad, 52 ans, a affirmé se moquer de la décision de Washington et d'autres capitales occidentales de ne pas le féliciter pour son élection.

«Ils ont dit qu'ils reconnaissent l'élection mais qu'ils n'enverraient pas de message de félicitations. Cela signifie qu'ils veulent la démocratie seulement pour leurs propres intérêts et ne respectent pas les droits des peuples», a-t-il estimé.

«Sachez qu'en Iran, personne n'attend vos messages de félicitations», a lancé le président dont la réélection le 12 juin pour un nouveau mandat de quatre ans a plongé le pays dans sa plus grave crise politique depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

La Maison-Blanche a reconnu que M. Ahmadinejad était le président «élu» mais indiqué qu'elle n'avait pas l'intention de le féliciter.

Plusieurs personnalités importantes du régime n'ont pas assisté à la cérémonie, dont l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, qui préside deux institutions clés du pouvoir, selon un journaliste de l'AFP.

Le candidat réformateur malheureux Mehdi Karoubi, ex-président du Parlement, l'ancien président réformateur Mohammad Khatami, ainsi que le chef du mouvement de contestation de la réélection de M. Ahmadinejad, le candidat malheureux Mir Hussein Moussavi, étaient également absents.

MM. Karoubi et Moussavi réclament toujours un nouveau scrutin présidentiel.

Selon le site internet du groupe parlementaire réformateur, seuls 13 députés réformateurs sur 70 y ont assisté. Le Parlement dominé par les conservateurs compte 290 membres.

Manifestants dispersés

À l'extérieur du Parlement, des policiers antiémeutes et des miliciens islamistes ont dispersé plusieurs centaines d'opposants qui tentaient de se rassembler et «scandaient des slogans contre Ahmadinejad», selon un témoin.

La police a utilisé du gaz lacrymogènes et arrêté plusieurs protestataires. À la mi-journée, les policiers avaient quitté les abords du parlement et les principales places et avenues la capitale.

Après la victoire de M. Ahmadinejad, les partisans de l'opposition avaient mené plusieurs manifestations monstres, interdites par les autorités, à Téhéran.

Une trentaine de personnes ont été tuées lors des protestations, environ 2000 arrêtées, dont la majorité ont été libérées, et plus d'une centaine sont jugées par le tribunal révolutionnaire de Téhéran, selon les autorités.

Le président dispose désormais de deux semaines pour présenter son nouveau gouvernement aux députés en vue du vote de confiance.