Onze résidents du camp Ashraf ont trouvé la mort durant les trois jours d'affrontements entre les forces de sécurité irakiennes et les Moudjahidine du Peuple, formation d'opposition au régime de Téhéran, a indiqué jeudi à l'AFP une source locale de sécurité.

«Selon nos informations, sept sont morts mardi et quatre dans les deux jours suivants», a indiqué ce responsable de la sécurité dans la province de Diyala, au nord-est de Bagdad où se trouve le camp.

C'est la première fois que les forces de sécurité irakiennes font état de morts parmi les résident du camp.

Ce responsable a également affirmé qu'il y avait eu 300 blessés dans les rangs des Moudjahidine et plus de 50 arrestations.

Pour sa part, les Moudjahidine du Peuple ont fait état d'un bilan de 12 morts parmi les habitants d'Ashraf.

Pour sa part, le porte-parole du gouvernement Ali Dabbagh, a indiqué que le camp Ashraf s'appelait désormais le «camp du nouvel Irak» et que la situation y était «calme».

«Le gouvernement confirme qu'il continuera à traiter de manière humaine (les habitants) et qu'ils respectera les conventions internationales dans ses relations avec eux mais ces derniers doivent respecter la loi irakienne et la souveraineté de l'État qui est seul responsable de la sécurité», a-t-il affirmé dans un communiqué.

«Nous appelons les dirigeants des Moudjahidine à ne pas inciter la population à la violence et à la confrontation avec les forces gouvernementales. Le gouvernement utilisera tous les pouvoirs légaux et constitionnels pour imposer l'autorité de l'Etat face aux fauteurs de troubles», a souligné M. Dabbagh.

Par ailleurs, Amnesty international (AI) a réclamé jeudi une enquête sur «un apparent usage excessif de la force» par les soldats et policiers irakiens lors de leur intervention au camp Ashraf.

«Les forces irakiennes ont attaqué les résidents désarmés du camp Ashraf et les informations font état de la mort de huit personnes alors que 400 autres ont été blessées», affirme dans un communiqué cette organisation de défense des droits de l'Homme basée à Londres.

AI demande également au gouvernement irakien d'indiquer «ce qu'il est advenu des 50 personnes arrêtées et de s'assurer qu'elles ne font pas l'objet de tortures ou de mauvais traitements et qu'elles ne sont pas menacées d'un retour forcé en Iran».

Des accrochages sporadiques avaient lieu dans le camp après trois jours de violents affrontements lors de la prise de contrôle des lieux par la police irakienne, selon un officier de police.

Selon lui, plus de 200 policiers et 800 soldats irakiens étaient toujours présents dans le camp Ashraf, situé à 80 km au nord de Bagdad, et en contrôlaient la quasi-totalité.

Mardi et mercredi, des violents affrontements avaient opposé les Moudjahidine du Peuple, des opposants à Téhéran utilisés par Saddam Hussein au début des années 1980, et les forces de sécurité irakiennes qui ont pénétré dans le camp pour installer un poste de police.

La police a fait état de 120 blessés dans ses rangs, dont plus de 60 qui ont dû être transférés dans des centres de soins. La mort de deux policiers, annoncée par l'hôpital local, n'a pas été confirmée par les autorités centrales à Bagdad.

Aucun journaliste n'est autorisé par l'armée irakienne à entrer dans le camp et il était toujours impossible de confirmer de sources indépendantes les bilans fournis par les protagonistes.