L'ultra-conservateur iranien Hossein Shariatmadari, proche conseiller du Guide suprême, a accusé samedi l'opposant Mir Hossein Moussavi d'être à la solde des États-Unis. Il demande que l'ancien premier ministre soit jugé pour trahison, avec l'ancien président réformateur Mohammad Khatami.

Téhéran continue également de faire pression sur la communauté internationale, avec l'inculpation d'un employé iranien de l'ambassade de Grande-Bretagne, Hossein Rassam, accusé d'«atteinte à la sécurité nationale» pour son rôle présumé dans la contestation post-électorale, selon son avocat Me Abdolsamad Khorramshi. D'autres employés avaient été arrêtés puis relâchés.

En ce qui concerne Mir Hossein Moussavi, Hossein Shariatmadari évoque dans un éditorial de son journal «Kayhan» l'existence de «documents irréfutables» établissant un lien entre l'ancien premier ministre, chef de file du mouvement de contestation, et des puissances étrangères.

C'est la première fois que M. Moussavi est qualifié d'agent de l'étranger. L'opposant réclame l'annulation du scrutin présidentiel du 12 juin, entaché selon lui de fraudes massives, et l'organisation d'une nouvelle élection. Il revendique la victoire que les autorités attribuent au président sortant, Mahmoud Ahmadinejad.

Pour Hossein Shariatmadari, M. Moussavi a tenté «d'échapper aux sanctions pour avoir tué des innocents, déclenché des émeutes, coopéré avec des étrangers et agi comme s'il était la cinquième colonne de l'Amérique» en Iran. MM. Moussavi et Khatami devraient répondre devant la justice de «crimes horribles et de trahison» selon lui.

Comme Mir Hossein Moussavi, l'employé de l'ambassade britannique à Téhéran, l'analyste politique Hossein Rassam, est soupçonné d'avoir porté atteinte à la sécurité nationale, selon son avocat. L'Union européenne a décidé de convoquer tous les ambassadeurs iraniens en poste dans les Vingt-sept, mais Londres demande aux pays du bloc d'aller plus loin et de rappeler tous leurs ambassadeurs en Iran pour protester contre les pressions sur son personnel diplomatique.

Le régime iranien veut étouffer la contestation avant l'investiture de Mahmoud Ahmadinejad pour un deuxième mandat présidentiel de quatre ans, fixée au 26 juillet au plus tôt.

Selon l'avocat iranien Saleh Nikbakht, une dizaine de meneurs du mouvement réformateur ont été arrêtés depuis le début de la contestation au lendemain de la proclamation des résultats officiels. Ils seraient accusés d'ôôagitation contre le système en place et d'action contre la sécurité nationale».

La police affirme que plus d'un millier de personnes ont été placées en détention et que 20 «émeutiers» ont été tués dans les violences qui ont marqué les manifestations. Huit bassidji, membres de ces milices pro-Khamenei semi-officielles, auraient également péri dans les affrontements violemment réprimés par ces mêmes bassidji.

Aucune manifestation n'a été signalée depuis dimanche dernier mais M. Moussavi maintient ses revendications. Il a déclaré mercredi qu'il ne reconnaissait pas la légitimité du gouvernement et exigeait la libération de tous les prisonniers politiques. Les bassidji ont fait une demande officielle d'ouverture d'enquête contre l'opposant pour son rôle dans les manifestations et les violences.

Malgré le soutien du haut clergé au président Ahmadinejad, certains religieux soutiennent ouvertement Mir Houssein Moussavi, mettent en doute les résultats officiels de l'élection et condamne la répression violente de la contestation. «Etant donné le manque de soutien de l'opinion publique», le grand ayatollah Youssef Saanei met en doute la compétence du gouvernement, dans un communiqué publié sur son site Web vendredi soir.

En mauvais termes avec le gouvernement, le grand ayatollah Saanei est l'un des neufs religieux les plus influents du pays et est très écouté par la population. «Je rappelle à toutes les forces chargées de protéger le peuple qu'aucun ordre ne donne d'excuse ou de permission pour violer les droits du peuple (...) et encore moins pour tuer et blesser les gens», prévient-il.