Le chef de la majorité parlementaire au Liban, Saad Hariri, fils de l'ex-dirigeant assassiné Rafic Hariri, sera désigné samedi Premier ministre, une majorité de députés l'ayant choisi vendredi lors de consultations avec le président de la République.

Quatre ans après l'attentat qui a coûté la vie à son père, M. Hariri sera chargé officiellement par le président Michel Sleimane de former le nouveau gouvernement, une tâche délicate puisqu'il devra répondre aux demandes de la minorité menée par le Hezbollah, qui réclame un gouvernement d'union.

«Nous avons nommé comme candidat le chef du Courant du Futur, Saad Hariri», a affirmé le député Samir el-Jisr, entouré des autres membres de ce groupe parlementaire, à l'issue de consultations avec le président Sleimane.

Les autres groupes membres de la majorité parlementaire, qui dispose de 71 députés, doivent également nommer le fils de l'ex-Premier ministre assassiné Rafic Hariri au cours de ces consultations contraignantes qui se poursuivront jusqu'à samedi.

Lors des législatives du 7 juin, la coalition soutenue par l'Occident est sortie renforcée après avoir obtenu 71 des 128 sièges du Parlement contre 57 pour le camp mené par le Hezbollah et appuyé par la Syrie et l'Iran.

Le Hezbollah ainsi que le mouvement de son allié chrétien Michel Aoun se sont abstenus de leur côté de nommer M. Hariri, 39 ans.

Parmi les groupes de la minorité parlementaire, seul le mouvement chiite Amal que dirige le président du Parlement Nabih Berri a annoncé avoir nommé le chef de la majorité comme son candidat au poste de Premier ministre.

«Nous n'avons nommé personne mais nous n'avons de veto contre personne», a déclaré M. Aoun après sa rencontre avec le président Sleimane.

Le Hezbollah, dont le chef Hassan Nasrallah a rencontré M. Hariri dans la nuit de jeudi à vendredi, a toutefois assuré que le parti «coopérerait avec un esprit ouvert» pour poursuivre le dialogue entamé lors de cette rencontre.

Les deux leaders se sont rencontrés pour la première fois depuis près d'un an en vue de discuter du futur gouvernement.

Le Hezbollah et ses alliés réclament un gouvernement d'union nationale. La majorité, sans écarter cette possibilité, refuse que la minorité dispose d'un droit de blocage comme c'est le cas dans l'actuel gouvernement d'union.

Le bras de fer qui dure depuis quatre ans entre les deux camps avait provoqué en mai 2008 des affrontements qui ont fait une centaine de morts et fait craindre un retour à la guerre civile (1975-1990).

Saad Hariri a repris le flambeau politique de son père après l'assassinat de ce dernier le 14 février 2005 dans un attentat à Beyrouth.

Ce meurtre a bouleversé le paysage politique libanais en portant pour la première fois au pouvoir une coalition antisyrienne, après une tutelle syrienne sur le pays qui a duré 30 ans.

Le jeune leader a hérité d'une formidable machine politique et de l'énorme capital de ferveur populaire qui s'est manifestée au Liban après l'assassinat de son père.

En juin 2005, lorsque l'opposition antisyrienne menée par son mouvement emporte pour la première fois les législatives, il décline le poste de Premier ministre et laisse la gestion du pouvoir au Premier ministre Fouad Siniora, un fidèle collaborateur de son père.

Licencié en économie de l'université de Georgetown (Washington), il est marié et père de deux enfants.

Dans sa liste de 2009 des milliardaires dans le monde, le magazine Forbes évalue la fortune de Saad Hariri à 1,4 milliard de dollars.