Le chef de la diplomatie israélienne, l'ultra-nationaliste Avigdor Lieberman, entame lundi une première tournée à l'étranger et se rend en Europe pour tenter de rassurer sur les intentions d'un gouvernement israélien opposé à la création d'un État palestinien.

M. Lieberman, qui a pris ses fonctions le mois dernier, devait quitter Israël dimanche soir pour Rome avant des visites à Paris, Prague et Berlin de mardi à jeudi. Le programme précis de ses entretiens n'avait pas été rendu public dimanche en Israël. «Le ministre va demander à ses interlocuteurs européens d'accorder du temps à Israël jusqu'à ce que le gouvernement dévoile les grandes lignes de son plan  diplomatique», a affirmé à l'AFP un haut responsable des Affaires étrangères.

Selon lui, ce programme devrait être présenté par le premier ministre Benjamin Netanyahu lors de sa rencontre avec le président américain Barack Obama à Washington prévue à la mi-mai à Washington.

En attendant, ce responsable qui a requis l'anonymat a admis que des «bruits de fond négatifs en Europe» se faisaient entendre, une allusion aux critiques suscitées par les déclarations de M. Lieberman, qui dirige aussi Israël Beiteinou, un parti ultra-nationaliste.

Le chef de la diplomatie a ainsi affirmé qu'Israël n'était pas lié par les négociations relancées fin 2007 à la conférence d'Annapolis, aux États-Unis, et censées aboutir à la création d'un État palestinien.

«Le plan du gouvernement est basé sur deux principes: la priorité à la sécurité et l'amélioration de la situation économique des Palestiniens», a ajouté ce responsable.

Cette approche a été critiquée par les États-Unis et la plupart des pays européens attachés à l'idée de «deux États pour deux peuples». La mauvaise humeur des Européens s'est traduite par le refus de relancer les discussions sur un rehaussement des relations entre l'État hébreu et l'Union européenne.

Les responsables israéliens ont tenté de minimiser les divergences.

«Le véritable test aura lieu le mois prochain lorsqu'Avigdor Lieberman présentera la politique du gouvernement lors du sommet bi-annuel de l'Association Israël-UE en présence de ses 27 collègues», affirme-t-on aux Affaires étrangères.

Mais avant ce «grand oral», Israël a averti l'Union européenne que son implication dans le processus de paix au Proche-Orient risquait d'être remise en cause si elle persistait dans ses critiques.

«Israël demande à l'UE d'adopter un profil bas et de mener un dialogue discret (...) Si de telles déclarations se poursuivent, l'Europe ne pourra pas avoir une implication dans le processus de paix», a récemment affirmé le directeur-adjoint du département Europe au ministère des Affaires étrangères, Rafi Barak.

Il faisait référence à la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner, qui a affirmé que le moment n'était pas «venu pour aller au-delà du niveau actuel des relations» UE-Israël, vu l'incertitude sur l'évolution du processus de paix et le refus du nouveau gouvernement israélien de s'engager en faveur d'une solution à deux États.