L'émissaire spécial américain George Mitchell a entamé vendredi sa rencontre avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah, sur fond de désaccord entre Washington et Israël sur la question d'un Etat palestinien.

M. Mitchell devait réaffirmer au cours de cette rencontre l'engagement des Etats-Unis en faveur d'une solution à deux Etats, alors que les responsables israéliens ont insisté jeudi sur la nécessité pour les Palestiniens de reconnaître le caractère juif de l'Etat d'Israël.

Mais pour M. Abbas, la reprise des négociations avec Israël est liée à un engagement d'Israël en faveur de la création d'un Etat palestinien. «M. Abbas va insister sur les conditions pour un Etat palestinien», a déclaré son porte-parole Nabil Abou Roudeina, avant le début de la rencontre.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé jeudi à l'issue de ses entretiens avec M. Mitchell qu'«Israël attend des Palestiniens qu'ils reconnaissent l'Etat d'Israël comme l'Etat du peuple juif».

«Israël ne cherche pas à régner sur les Palestiniens, mais doit s'assurer que le processus politique avec eux n'aboutira pas à un second "Hamastan" (Etat du Hamas) au coeur du pays, qui menacerait Jérusalem et la plaine côtière», a-t-il ajouté.

Il faisait référence à la bande de Gaza, que contrôle le mouvement islamiste palestinien Hamas et d'où sont tirés sporadiquement des roquettes sur Israël.

Pour l'Autorité palestinienne, cette condition constitue une manoeuvre dilatoire créant un «obstacle sur la voie de la paix et de la création de deux Etats», selon Nabil Abou Roudeina. Elle «se heurte aux efforts internationaux et notamment américains en vue d'un règlement de paix», a-t-il souligné.

Les Palestiniens craignent que cette reconnaissance d'Israël comme l'Etat des juifs ne revienne pour eux à renoncer au «droit au retour» sur leurs terres des réfugiés palestiniens. Quelque 760.000 Palestiniens ont été poussés à l'exode après la création de l'Etat d'Israël en 1948.

Mais l'approche israélienne se heurte également à celle des Etats-Unis, qui n'imposent pas aux Palestiniens une telle reconnaissance mais insistent sur «une solution à deux Etats, un Etat palestinien et l'Etat juif d'Israël, coexistant en paix», selon les déclarations de M. Mitchell jeudi à l'issue d'une rencontre à Jérusalem avec le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman.

Israël avait accepté en 2003 la Feuille de route élaborée par le Quartette international pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) qui prévoit la création d'un Etat palestinien au côté de l'Etat hébreu.

Ce plan est largement resté lettre morte depuis et M. Netanyahu écarte de fait aujourd'hui l'option de deux Etats en se disant toutefois prêt à parler de paix avec les Palestiniens sur la base d'un plan privilégiant leur développement économique.

Selon les médias israéliens, Washington serait prêt à accorder quelques semaines à M. Netanyahu pour élaborer sa politique vis-à-vis des Palestiniens.

Le Premier ministre israélien a été invité jeudi par M. Mitchell à rencontrer le mois prochain aux Etats-Unis le président Barack Obama, mais aucune date n'a pu être fixée, a indiqué la Présidence du conseil.

La tournée de George Mitchell est la troisième depuis qu'il a été chargé en janvier par M. Obama de relancer le processus de paix, mais sa première depuis la formation du gouvernement Netanyahu issu des élections anticipées du 10 février.

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