Alors qu'un cessez-le-feu se dessine dans la bande de Gaza, les Etats-Unis et Israël paraissent vouloir écarter le Hamas du pouvoir dans le territoire pour y permettre le retour de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.

Bien qu'elles ne l'aient jamais dit clairement, toutes les déclarations de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, et de son homologue israélienne Tzipi Livni vendredi à Washington, pointaient dans la même direction: la reprise du contrôle de la bande de Gaza par M. Abbas et son mouvement, le Fatah, avec le soutien de la communauté internationale.

«On peut faire beaucoup pour faire passer Gaza des ténèbres du règne du Hamas à la lumière de la bonne gouvernance que l'Autorité palestinienne peut apporter», a déclaré la chef de la diplomatie américaine, avant de signer avec Mme Livni un accord censé permettre d'empêcher la contrebande d'armes vers la bande de Gaza.

«Ce que nous faisons dans la bande de Gaza n'est pas dirigé contre le processus de paix, cela sert le processus de paix, parce que l'idée est qu'Israël a engagé des négociations de paix avec la direction pragmatique de l'Autorité palestinienne», a déclaré pour sa part la ministre israélienne des Affaires étrangères.

Alors qu'on lui demandait si Israël entendait ainsi remettre M. Abbas au pouvoir dans la bande de Gaza, dont le Hamas a pris le contrôle par la force en juin 2007, Mme Livni n'a pas répondu directement.

«C'est un jeu à somme nulle entre (le chef du gouvernement du mouvement islamiste Hamas à Gaza, Ismaïl) Haniyeh et Abou Mazen (le président palestinien Mahmoud Abbas), entre le Hamas et le Fatah», a-t-elle simplement déclaré. «Pour renforcer les modérés et le gouvernement légitime, nous devons affaiblir les autres».

Ni Mme Rice ni Mme Livni n'ont indiqué comment M. Abbas pourrait reprendre le contrôle de la bande de Gaza sans passer pour un traître aux yeux d'une bonne partie de l'opinion arabe.

Mais la chef de la diplomatie américaine a rappelé avoir négocié en 2005 un accord sur les accès à ce territoire, qui prévoit le déploiement d'observateurs internationaux et le contrôle de la sécurité dans le territoire par l'Autorité palestinienne.

Et le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, a jugé le Hamas «affaibli» après trois semaines de bombardements israéliens.

«Nous sommes certains d'une chose, et nous l'avons apprise en Irak, en Afghanistan et ailleurs: une solution militaire n'est pas suffisante face à un problème comme le terrorisme», a-t-il ajouté.

«Il faut aussi créer de toutes pièces des infrastructures, des capacités, des ressources pour aider la population, de façon à ce qu'elle fasse d'autres choix politiques», a-t-il ajouté en référence aux élections législatives palestiniennes de janvier 2006 remportées par le Hamas.

«Parce qu'en fin de compte, il n'y aura pas de solution tant qu'il n'y aura pas de règlement politique», a-t-il ajouté.

Il faut «créer des institutions comme celles que nous avons en Cisjordanie», avoir des «services de sécurité qui dépendent d'un gouvernement élu, comme celles que nous avons en Cisjordanie», a-t-il conclu. «C'est ça, le modèle».

Sur le terrain, l'armée israélienne a poursuivi vendredi ses attaques qui ont fait au moins 55 morts. Mais un responsable gouvernemental israélien a indiqué à l'AFP que le cabinet de sécurité voterait samedi «en faveur d'un cessez-le-feu unilatéral» à la suite de la signature de l'accord de Washington et des progrès «significatifs» réalisés au Caire.